Extrait du journal
quand on annonça le marquis de Clèves. Ah ! il est vrai, Léon !... la ve nue de cet homme a achevé de bouleverser mon àme... Mais c'est que son nom se rattache à tous les tristes souvenirsdema vie... Mon visagechangea subitement, j'en suis sûre, car les plus indifférens se tournèrent vers moi. C'est alors que je passai dans le salon, où je fus quelques minutes aveugle, muette, inanimée. Jusque-là, Léon, votre présence soutenait mon courage... Mais bientôt je m'aperçus que vous n'étiez plus à mon côté... Dès ce moment la foule n'eut plus qu'un seul regard, et ce re gard était fixé sur moi ! Je crois me soustraire à ce supplice en me mê lant à une contredanse... mais ici m'attendait un outrage plus direct, une injure plus éclatante encore... Un cavalier m'offre sa main... jel'aecepte... je le suis.en tremblant... Le croirez-vous, Léon, pas une femme, en tendez-vous, pas une femme ne consent à me faire vis-à-vis!... Alors, désespérée, j'accours ici pour reprendre haleine, pour cesser de souffrir, et je vous trouve, vous, Léon, aussi sévère, aussi impitoyable que les au tres! Qu'avez-vous, au nom du ciel, Léon, qu'avez-vous? ^ — Oh ! n'ajoutez pas à tous mes regrets, madame, celui de vous avoir fait rougir ! — Rougir ! Léon ! ah ! si vous saviez !... — Le marqnis de Clèves est de mes amis, madame, et c'est lui-même qui en arrivant a bien voulu me donner une explication que, du r^ste, je ne lui demandais pas... . — Le marquis !... Il vous a parlé ?. — Ici même ! et votre trouble confirme mes soupçons. Du reste, la rumeur qui vous accusait était presque unanime. Tout le monde mur murait à voix basse que votre position, après avoir été longtemps une énigme, était devenue un mensonge. Ce nom de Liévins, madame, ce nom qui ne m'est pas tout-à-fait ineonnu,- a donc été le vôtre? Mathilde hésita a répondre. Entendre parler de son mari était pour elle un supplice. Et puis, Léon connaissait... Savait-il donc l'odieuse vérité? Cependant elle se rassura peu à peu- Le nom de Liévins, souillé, déshonoré pour elle, ne l'était pas vis-à-vis du monde. Car la corres pondance qu'elle avait autrefois découverte, lui avait révélé que le cojnte, sans doute par un reste de pudeur, s'était au moins gardé de le compro mettre dans les ténébreux scandales de sa vie cachée, et qu'à l'aide de faux titres et.de faux noms, il avait pu se préserver des apparences de l'infamie. Léon avait donc pu le connaître sans pénétrer son secret. Elle répondit- à demi-voix : • — Ce nom a été le mien, monsieur. — Et cet homme existe encore? — Il existe. . — Vous n'êtes pas veuve ? —Non, monsieur. — On ne vous a donc pas calomniée ? Il est donc possible qu'un di vorce?... — On vous a dit la vérité. — Ainsi, vous m'avez trompé; vous avez trompé ma mère ! — Je le devais, monsieur. — Vous le deviez? — Oui.., car j'étais dépositaire d'un secret qui ne m'appartenait pas,.....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
En savoir plus Données de classification - d'annecy
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