Extrait du journal

de moi a midi Notre or s'en est aile en Angleterre, sans tambour ni trompette : c'était la guerre. Aujourd'hui que la paix. est faite avec tous nos Allies, vjicj que notre or va nous revenir. Quelle belle fête ! Quel final pour un music-hall ! Quelle journée pour un producer de génie ! J'imagine. Un jour d'été. Comme des souverains, nos louis arrivent par la gare du Bois de Boulogne. Dix mille soldats de toutes armes font la haie de la porte Dauphine au pavillon de Flore. Des drapeaux, des guirlan des, des banderoles, des lampions. Dans une châsse de cristal, afin que tous puissent s'en rassasier la vue, ces louis d'or, ces beaux louis, que nous avons versés jadis en échange d'un certificat-papier de civisme et qui ont pris aussitôt la route de Douvres. Les' membres du gouvernement sont sur le quai, ils s'inclinent. Une im mense acclamation monte de la foule émue-. Les hommes se découvrent. Les femmes tendent leurs enfants vers le ciel. Un rentier, qui a cru recon naître son or, meurt d'émotion. « Qu'on le décore à titre posthume », ordonne le ministre des Finances. Très gentleman, le lord-ambassadeur contemple, impassible, la .scène. Aux carrefours, des orchestres préludent aux datises. La bière et l'enthousiasme, coulent ù flots. Ah ! quelle journée ! L'Angleterre qui nous prend généralement des grands hommes et nous les rend en poussière, nous restitue l'or que nous lui avions remis. Quelle surprise, quel, choc ! On peut en mourir. . < Et c'est pour ménager nos nerfs, qu'à la dernière heure, l'Angleterre nous fait savoir qu'elle préfère gar der notre or encore quelque temps, et le met simplement à notre disposition. ■Pierre Audiat,...