Extrait du journal

de "midi a midi Rien ne vu plue à lu foire aux jam bons de Dijon ! Le maire, M. Gérard, vient de prendre un arrêté qui jette dans iu consternation les forains. A Dijon, désormais, on n'entendra plus le cri : « C'est la daine qui a gagné le lapin », « Le monsieur chauve gagne une poule avec toutes ses plumes ». Ce maire, qui en est une pour les pou les et les lapins, interdit de mettre en loterie des animaux vivants. « Ces pauvres bêtes, dit M. Gérard, sont exposées dans des cages où elles étouffent, le plus souvent privées d'air et de lumière puis livrées aux ga gnants dont on a vu certains se faire un coupable plaisir de les martyriser en public ». Oui, évidemment, bien sûr, on peut sourire de lu zoopliilie de M. Gérard. On peut dire : Et les lapins qui sont portés au marché dans des paniers fermés et qui passent de l'asphyxie à la mort ? Quelle sollicitude pour des animaux que vous dévorez sans scru pule ! » Eh ! bien, non, c'est M. Gérard qui a raison. On a honte pour Paris quand on voit avec quelle sauvagerie les animaux sont conduits à l'abattoir et y sont abattus. Les abattoirs pari siens ressemblent à l'antre d'un géant sanguinaire et sadique. Sans réclamer la présence d'infirmières, on pourrait' souhaiter la propreté et la décence qui conviennent à ceux, quels qu'ils soient, qui vont mourir. Heureux Dijon où les lapins sont traités avec une telle mansuétude ! Heureux Dijonnais, car si ù Dijon les lapins ont droit à tant d'égards, il faut espérer que les commerçants n'y trai tent pas les consommateurs comme de vulgaires lapins. Pierre Audiat....