Extrait du journal
vînt jamais sur un parti pris. — Ces regards-là sont des traits de feu qui peignent les caractè res, dit Aramis en s'inclinant sur la main de Philippe. Vous serez grand, monseigneur, je vous en réponds. —Reprenons, s'il vous plaît, la conversation où nous l'avons lais sée. Je vous avais dit, je crois, que je voulais m'entendre avec vous sur deux points : les dangers ou les obstacles Ce point'est décidé. L'autre, ce sont les conditions que vous me poseriez. A votre tour de parler, monsieur d'Herblay. — Les conditions, mon prince? — Sans doute. Vous ne m'arrêterez pas en chemin pour une baga telle semblable, et vous ne me ferez pas l'injure de supposer que je. vous crois sans intérêt dans cette affaire. Ainsi donc, sans détour et sans crainte, ouvrez-moi le fond de votre pensée. — M'y voici, monseigneur. Une fois roi... — Quand sera-ce ? — Ce sera demain au soir. Je veux dire dans la nuit, i — Expliquez-moi comment. — Quand j'aurai fait une question à Votre Altesse Royale. — Faites. — J'avais envoyé à Votre Altesse un homme à moi, chargé de lui remettre un cahier de notes éerites finement, rédigées avec sûreté, notes qui permettent à Votre Altesse de connaître à fond toutes les personnes qui composent et composeront sa cour. — J'ai lu toutes ces notes. Attentivement? — Je les sais par cœur. — Et comprises? Pardon, je puis demander cela au pauvre aban donné de laBastille.il va sans dire que, dans huit jours, je n'aurai plus rien à demander à un esprit comme le vôtre, jouissant de sa liberté dans sà toute-puissance. — Interrogez-moi, alors ; je veux être l'écolier à qui le. savant maître fait répéter la leçon convenue. — Sur votre famille, d'abord, monseigneur. — Ma mère Anne d'Autriche ? Tous ses chagrins, sa triste mala die. Oh ! je là connais, je la connais ! — Votre second frère? dit Aramis en s'inclinant. — Vous avez joint, à ces notes des portraits si merveilleusement tracés, dessinés et peints, que j'ai,, par ces peintures, reconnu les gens dont vos notes me désignaient le caractère, les mœurs et l'his toire. Monsieur mon frère est un beau brun, le visage pâle; il n'aime pas sa femme Henriette, que moi, moi Louis XIV, j'ai uh peu aimée, que j'aime encore coquettement, bien qu'elle m'ait tant fait pleurer le jour où elle voulait chasser mademoiselle de laVallière. —Vous prendrez garde aux yeux de celle-ci, dit Aramis. Elle aime sincèrement le roi actuel. On trompe difficilement les yeux d'une femme qui aime. — Elle est blonde, elle a des yeux bleus dont la tendresse me ré vélera son identité. Elle boite un peu, elle écrit chaque jour une lettre à laquelle je fais répondre par M. de Saint-Aignan,...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
En savoir plus Données de classification - de corcelles
- de tocqueville
- d'herblay
- ney
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- richelieu
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- françois 1er
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