Extrait du journal
Dans s'a circulaiue — adressée sans doute à tous mes collègues du département, — Votre Grandeur nous engage comme dépositaires d'une partie de la puissance exécutive, à user de toute notre influence pour obtenir le changement d'un ordre de choses qu'elle regarde comme anormal; elle nous engage, en outre, à nous concerter avec elle pour faire prévaloir, dans les divers conseils du pays, des convictions analogues à celles ex primées dans ladite circulaire. Bien que je'm'explique difficilement, monsei gneur, le rapport qui peut exister entre les cir culaires que vous mè faites l'honneur de m'a dresser et mes fonctions administratives, je crois néanmoins devoir vous en accusai' réception et vous dire ce que je compte faire. Mon de voir,monseigneur, me semble tout tracé. Dépositaire, en effet, d'une partie, très-petite par tie de la,,puissance exécutive et tenant ma nomâtion tant de la confiance dont le chef de l'Etat a bien voulu m'honorer que de la libre élection de mes concitoyens, je me souviendrai, qu'avant tout, je suis magistrat français et qu'à ce titre mon premier devoir est d'obéir aux lois de mon pays et de maintenu", au sein des populations que j'ai l'honneur d'administrer, la paix et la concorde. Ce devoir, monseigneur, permettez-moi de vous le dire, est le vôtre comme il est le mien. Aussi, je regarderais comme un manque de respect envers le chef de l'Etat et envers mes concitoyens, d'accéder aux propositions par les quelles vous cherchez à nous engager dans une sorte de croisade en faveur du souverain-pontife contre un roi et contre un peuple amis de la France. C'est vous dire assez, monseigneur, que non-seulement je n'userai pas dé mon influence administrative pour propager les doctrines que contient votre circulaire, mais que je ferai de, mon mieux pour arrêter cette propagande dans la mesure de mes moyens. Si, à titre purement privé, quelqu'un de mes administrés venait me consulter sur ce grave sujet, voici ce que je répondrais: « L'appel qu'on fait en ee moment aux popu lations est des plus funestes, il ne peut que conduire rapidement à la guerre civile et à la guerre étrangère, il tend a nous ramener aux plus tristes jours de nos guerres religieuses. La France n'a donc pas assez souffert, pour que les ministres d'un Dieu de paix viennent apporter dans son sein le- germe de nouvelles souffran ces ! » .T'ajouterais : « La vérité pour moi c'est que ja mais notre saint-père le pape ne fut plus libre, plus riche, plus honoré ; sa voix peut se faire entendre librement d'un bout du monde à l'au tre pour tout ce qui concerne la religion dont il est le chef; sa liberté est aussi complète que celle de tout homme, de tout souverain. Qu'il aille où bon lui semble, il sera reçu partout avec la vénération due à son caractère et les honneurs dus à son titre. Sa fortune est dix fois supérieure à celle du président de la Répu blique française qui ne se plaint pourtant pas d'être trop pauvre. » Voilà, monseigneur, ce que je ne manquerai pas de dire à ceux qui viendront me consulter, et je suis certain qu'ils écouteront mes paroles, car ils savent que je n'ai jamais trompé per sonne. C'est dans ces sentiments, monseigneur, que •j'ai l'honneur d'être-, de Votre Grandeur, le dé voué serviteur. - i . Pour le maire de Luzy absent, . . .. • Lucien Gueneau, ancien capitaine de cavalerie. Nos lecteurs remarqueront la qualité prise dans sa signature par M. l'adjoint de Luzy .: « Ancien capitaine de cavalerie. » Ce fier et patriotique lapgage est de nature à faire voir au gouvernement quels sont les vrais sentiments de l'armée et de la nation. Nous espérons qu'il saura s'en inspirer luimême....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
En savoir plus Données de classification - bourdier
- dupin
- mahias
- alamichelle
- larnac
- sébline
- amour
- subileau
- thonon
- picard
- france
- paris
- russie
- nevers
- amérique
- europe
- luzy
- cambrai
- italie
- briançon
- la république
- ariége
- journal officiel
- république française