Extrait du journal
très cle notre temps,; tous, en somme, se soucient de l'histoire comme le poisson d'une pomme et, s'ils en ont appris, à l'école, quelques bribes, ils se sont empressés d'oublier, après leur sortie de la classe, tout ce que l'on avait introduit de gré ou de force dans leur mémoire. Beaucoup dé- gens; s'étonnent ou s'indignent de cette ignorance. Pour moi, au risque de me faire conspuer, j'avoue que je la trouve fort nalurelle. Pourquoi l Tout simplement parce que, l'histoire n'est pas faite pour les enfants ; parce qu'ils sont incapables de la comprendre ; parce qu'elle ne ies intéresse pas le moins du monde. On peut leur en inculquer les faits, les noms ou les dates dans ta mémoire ; mais ni ces faits, ni ces aoms, ni ces? dates ne frappent assez leur esprit pour qu'ils les conservent. Les plus laborieux d'entre eux les ou blient aussitôt qu'on cesse de les leur faire rabâ cher. Il en est de même des règles de la syntaxe gram maticale, des noms des fleuves, rivières, monta gnes ou mers, et d'une foule d'autres choses qu'on leur fait apprendre par cœur. Ceux-là même qui retiennent tout ou partie de ce que l'on a introduit dans leur mémoire, n'en connaissent pas la valeur, ne sont guère que des perroquets et ne tirent, dans la vie, aucun profit de ce qu'ils ont retenu des enseignements de l'école. Ils ne sont pas des illettrés, mais, en réa lité, ils ne savent rien ou presque rien. Il en serait autrement si l'on voulait bien, dans l'instruction scolaire, voire secondaire, remplacer l'appel à la mémoire par l'appel a la raison et à l'observation, et si, au lieu de traiter les enfants des paysans ou des ouvriers en futurs mandarins, on leur enseignait ce qu'ils auront besoin de savoir pour travailler la terre ou exercer un métier in dustriel. 5 - •- . Malheureusement, nos pédagogues ont l'esprit tourné d'un autre côté, et je crains bien que le? illettrés de notre armée ne soient pas beaucoup moins insiruits que la-'plupart de ceux dont on aime à.d q w lettrés parce qu'ils savent lire, écrire et faire les quatre opérations de-l'arith métique. J'ai eu sous les veux récemment les notes de quelques candidates a un concours des postes et télégrapnes. La plupart avaient un chiffre élevé de points pour l'arithmétique, dont elles n'auront que peu à se servir, mais s'étaient montrées à peu près nulles en géographie, dont la connaissance est essentielle dans leur métier et ne savaient ni mettre l'orthographe ni écrire correctement leur langue. Or, je prétends que ce n'est point elles qu'il faut accuser, mais l'organisation détestable de notre enseignement primaire. Qu'on rende l'école attrayante et ulile, et l'on n'aura pas besoin d'employer la contrainte pour qu'elle soit fréquentée par tous les enfants. Quant aux illettrés, notre armée n'en contiendra plus, et ceux que l'on qualifie de lettrés sauront quelque chose....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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