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Le Siècle, 21 juillet 1908

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Le Siècle
21 juillet 1908


Extrait du journal

dans cet heureux pays, n'a pas encore la manie d'intervention, de monopolisation, dont - tant d'au tres pays font" h grands Irais la pénible expérience. Il a laissé faire les ingénieurs des compagnies et corporations privées. Et cette libre initiative suffit à tous les besoins d'un des ports les mieux aménagés et les plus fréquentés du monde. Elle sait acquérir en temps opportun les terrains dont le développement du trafic va réclamer la transformation prochaine en bassins nouveaux, en quais de déchargement, en docks, en bâtiments d'entrepôt. Les sacrifices de la Chambre de commerce et des capitalistes qui. ont répondu à ses appels ont été énormes depuis vingt ans et l'on -peut dire con tinus ; mais la moisson est venue après tant d'ar gent semé, et la prospérité de Rotterdam atteint un degré que les plus optimistes n'auraient osé rêver. Anvers et Hambourg se développent, eux aussi, parce qu'ils sont dans une situation analo gue il celle de Rotterdam, -et parce que, dans ces parages, le mouvement de la navigation est assez puissant pour alimenter largement les trois grands ports à la fois ; mais c'est peut-être Rotterdam qui tiendra la première place. La Chambre de commerce a voulu, ces jours derniers, montrer à l'Europe l'œuvre qu'elle a déjà accomplie et l'œuvre qu'elle vient d'fentreprendre. Elle a invité, à des fêtes qui ont eu lieu les 14, 15 et 16 juillet, les représentants des princi pales compagnies maritimes européennes, quantité de négociants, d'armateurs, de présidents et de membres des Chambres de commerce de la Hol lande et de l'étranger. Trois délégations françaises seulement, de Paris, du Havre et de Roulogne-sur-Mer, ont répondu à cette invitation,, tandis que l'Angleterre, l'Irlande, la- Belgique, surtout l'Allemagne, en ont envoyé des quantités. Des 400 personnes qui se sont trou vées réunies, Je soir du 11, au grand dîner offert au Dock par la municipalité, les trois quarts, bien certainement; élaient allemandes. r En pouvait-il être autrement, ? Les compagnie t. allemandes ont mis la main sur Rotterdam, comme elles l'ont mise sur Anvers ; elles sont maîtresses {des bouches du Rhin, comme elles le sont de celles de la Meuse et de l'Escaut. Belges et Hollan dais sont patriotes, fiers de leur pays et très atta chés à leur indépendance ; mais ils ont laissé le haut commerce allemand s'installer chez eux : c'est un commencement de conquête. Sans doute, Anvers est fortifié, et à quoi serviraient ses forti fications, si ce n'était contre une invasion germa nique ? Mais les négociants sujets de Guillaume II se rient des forts d'Anvers comme des défenses de Rotterdam. Les Belges ne sont pas sûrs de posséder une armée suffisante pour garnir seulement, sur le pied de guerre, les fortifications de leur grand port de l'Escaut ; mais les Allemands savent déjà qu'ils seraient maîtres, par la richesse et l'in fluence, sinon par le nombre, de l'intérieur de la ville. Heureusement, l'empereur Guillaume a dé claré qu'il n'avait point l'intention de porter at teinte à l'indépendance soit de la Belgique, soit de la Hollande, et tout le monde sait que, si ses paroles sont parfois inquiétantes, ses actes sont sincèrement pacifiques. Laissons donc de côté ces considérations, qu'on pourrait trouver frop chagrines, à l'occasion d'une réunion comme celle de Rotterdam. La Chambre ie commerce, locale a pu montrer, avec fierté les magnifiques établissements et aménagements ma ritimes qui sont son œuvre et auxquels vient s'a jouter un nouveau bassin, terminé en un an, d'une superficie de 25 hectares, faible partie d'un terrain encore disponible de plus de 300 hectares. Le mouvement maritime de l'année dernière a causé quelques déceptions, à Rotterdam comme ailleurs ; 1906 y avait embarqué ou débarque 600.000 tonnes de plus que 1907. Mais la Chambre de commerce compte sur son savoir-faire et son éner gie pour assurer une reprise de prospérité crois sante. — G. D....

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Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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