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Le Siècle, 20 novembre 1885

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Le Siècle
20 novembre 1885


Extrait du journal

Nous souhaitons, — nos lecteurs le savent,— que le Congrès se réunisse le plus promptement possible pour déga ger la situation des préoccupations re latives à l'élection présidentielle. Bien que le renouvellement des pouvoirs de M. Jules Grêvy ne fasse aucun doute, il n'est pas bon, pour les affaires, de laisser peser sur le pays une sorte d'at tente anxieuse. Plutôt le Congrès se réunira, mieux cela vaudra. Nous n'au rions rien à dire contre la démarche des délégués de la rue Cadet,s'ils avaient obéi à cette préoccupation patriotique en se rendant auprès du président du conseil. Mais non, les délégués sont allés prier M. Brissôn d'avancer le Con grès pour hâter la chute du minis tère. Comme il est déjà convenu, dans les groupes radicaux, que le ministère agonise, on va charitablement l'inviter à fixer l'heure de ses obsèques. Il n'y a que l'ordre et la marche du convoi qu'on le dispense de régler. Cette innovation parait étrange. La réunion de la rue |Cadet comptait en viron cent cinquante membres. Il s'en est trouvé quatre-vingt-dix pour voter la proposition de M . Granet ; soixante l'ont repoussée. C'est donc au nom de quatre-vingt-dix députés sur trois cent quatre-vingts, — nous laissons de côté la droite, — que les délégués de la rue Cadet se sont mis en mouvement. Ils sont quatre-vingt-dix radicaux qui prétendent imposer leur programme à leurs collègues. La Cham bre n'aura plus d'autre office , que d'en registrer les volontés du petit Parle ment de la rue Cadet. Quelle étsange façon de comprendre le régime parle mentaire ! Certes, que des députés se réunissent en dehors des séances pu bliques pour étudier telle ou telle question politique et se concerter à l'avance sur un sujet donné, soit. Mais prendre des décisions solennelles qu'on va solennellement notifier aux minis tres, c'est autre chose. 11 y aurait de graves inconvénients à s'engager dans cette voie. Le gouvernement républi cain n'y gagnerait pas de prestige, et la Chambre y perdrait rapidement toute Considération. Non, ce n'est pas dans des concilia bules que la question ministérielle doit être vidée : c'est à la tribune, devant la Chambre tout entière, en présence du pays, qui entend que ses affaires soient traitées au grand jour. Le gouverne ment a fait une déclaration ; tous les ministres l'ont contre-signée; ils se sont efforcés de résumer dans ce document la moyenne des aspirations et des vœux du suffrage universel. Les radicaux as surent qu'il n'y ont pas réussi, qu'ils se sont même lourdement trompés. Mais c'est justement ce qu'il faut démontrer. Pour contenter les radicaux, il aurait fallu rédiger un programme radical. Le gouvernement aurait eu cent voix dans la Chambre; mais non, il s'est appliqué à dégager lés idées dominantes dans les professions de foi électorales. Nous croyons — toutes réserves faites sur la forme — qu'il y a réussi, mais enfin où doit se vider cette querelle ? Est-ce à la rue Cadet ou au Palais-Bourbon ? Un débat public est nécessaire. A part quelques intransigeants fantaisistes, personne ne met en doute la loyauté des ministres ; on leur reproche seulement de s'être trompés. Eh bien ! il faut en tendre les explications du cabinet, avant de s'occuper de son enterrement. Les radicaux de la rue Cadet sont trop pres sés. Serait-ce parce qu'ils se doutent vaguement que les ministres qu'ils se vantent d'avoir tués se portent assez bien ? Nous croyons, .quant à nous, qu'un débat public aura cet effet salu taire de dissiper des malentendus fâ...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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