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Le Siècle, 19 novembre 1885

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Le Siècle
19 novembre 1885


Extrait du journal

sur la planche, un fiancé très convenable ; mais sa speur,Augusta, quoique plus jeune et plus jolie, n'était pas aussi heureuse; elle n'avait pas de fiancé, et la guerre ayant enleivé tous les jeunes gens, elle n'espérait pas (du moins avant long temps) renoncer aux douceurs du célibat» De là vient qu'elle vit sans chagrin et même avec plaisir, dans la maison pater nelle, arriver un officier français, griève ment blessé à la vérité, mais non mortelle ment, ni estropié, qui de plus,était jeune et bien fait, avec des yeux très doux, qui même était peut-être riche et gentilhomme; Être aimée d'un capitaine français, d'un riche gentilhomme qui sans doute l'épouse rait et l'emmènerait à Paris (car les guerres les plus, longues et les 'plus sanglantes ont une fin), que pouvait rêver de plus délicieux une aimable et rêveuse.Allemande ? C'est .pourquoi la belle Augusta fut très douce à Paolo Cordiani, qui prit ses gra cieuses avances (très çonyenables d'ailleurs), pour une marque de sa bonté naturelle. Il y répondit à son tour du mieux qu'il put. Comme il était forcé, par sa blessure, de garder le lit, elle venait plusieurs heures par jour lui tenir compagnie, lui donner les nouvelles de la guerre qu'elle adoucissait de son mieux pour ne pas l'offenser, causer avec lui de musique et surtout parler ce français divin qui, malgré Bismarck, sera pendant plusieurs siècles encore la langue des gens d'esprit du monde civilisé. Malgré le terrible accent souabe qui est si difficile à supporter, le bon Cordiani tâchait de ne penser qu'au son de la voix qui était vrai ment très doux, aux yeux cl'Augusta qui l'étaient bien davantage, et à son admira ble complaisance. Après tout, la France et l'Allemagne étaient en guerre, c'est vrai ; mais non Augusta et lui. C'est pourquoi, dès la première semaine, ils devinrent les meilleurs amis du monde, si bons amis même qu'un matin Cordiani, ne sachajit plus que dire et voyant que la belle...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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