Extrait du journal
Bfaintenant, Paris est aux bains de mer. L'été n'est venu qu'avec le mois de septembre; il a bien fallu l'altendte pour se livrer à un exer cice qui exige impérieusement le beau temps et lu chaleur. Plus que ja mais les bains de mer sont en faveur celle année ; ce n'est pas seule ment la mode qui les protège, mais encore c'est la médecine qui leur prête son appui souverain. En toute circonstance aujourd'hui, nos doc teurs ordonnent les bains de mer ; ils les appliquent à toute espèce de maux et d'accidens, comme une panacée universelle. — Docteur, vous voyez quel est mon état. J'ai eu tant de bals, l'hiver dernier, et tant d'émotions ! Je ne sais si ce sont les peines de cœur qui m'ont aiusi brisée ou j;i c'est la danse ; mais, chagrins ou polka, je n'eu suis pas moins abattue, anéantie, mourante. Que faut-il faire pour combattre cette maladie de langueur ï — Il fatit prendre les bains de mer. —Docteur, ma femme m'inquiète. Je lui trouve depuis quelque temps une verve, une fougue, effrayantes pour un mari. Chez elle l'imagina tion et la vie sùrabondetit. -Ne pourrait-on prévenir les dangers de ce luxe et modérer un peu celle énergie? ' — Faites prendre les bains de mer à votre femme. — Vous avez beau dire, docteur, et me répéter les complimens que tout le monde me fait, moi qui suis franche avec moi-même, je me trouve trop maigre. — Allez à la mer; les bains de mer engraissent. — Il est lemps, je crois, mon cher docteur, d'arrêter l'embonpoint qui m'envahit. Encore un peu, et ce serait trop» J'ai besoin d'être lé gère pour danser h mazourka l'hiver prochain. — Allez à la mer; les bains de mer maigrissent. La médecine, qui explique,tout, expliquera ces contradictions appa rentes eu vous disant que les bains de mer ont une vertu relative, et que leur effet est de contrarier les volontés et les caprices de la nature. — Ces bains sont un tonique, voilà surtout/leur mérite et la principale raison de leur succès universel ; car c'est là le remède dont le besoin se fait le plus généralement sentir dans notre époque de relâchement et de mollesse, de vertus chancelantes, de consciences délabrées, de faiblesse ministérielle et d'épuispinent littéraire. Ici les philosophes et les critiques sont d'accord avec les médecins; tous, d'une commune voix, conseillent l'cipploi des toniques ; la morale a les siens, qui sont...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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