Extrait du journal
gitimiste : voilà l'exemple, le bon et salutaire exemple que nous approuvons hautement. Les révolutions ne doivent jamais transi ger sur leurs principes ; quiconque les renie ou ne les adopte qu'à moitié ne saurait recevoir les suffrages des citoyens qui ont arboré le drapeau sans arrière-pensée. M. de Genoude est, de tous les adversaires de la révolution de juillet, le moins ardent, le moins antipathique et celui qui fait le plus de concessions. Il, en a donné de nombreuses preuves; mais aucun de ces témoi gnages n'a eu plus d'éclat que la déclaration articulée par le, rédacteur en chef de là Gazette dans îa réunion préparatoire qui a précédé l'élection de Savenay. M. de Genoude, interrogé par un électeur sur la question de savoir s'il approuvait, oui ou non, la révolution de juillet, a ré pondu : » Le ministère du 8 août, en restreignant le nombre des électeurs et en mettant la main sur les journaux, violait des lois positives. La résistance était donc légitime. » Cette réponse vau dra certainement à M. de Genoude, quand elle sera connue à Vienne et à Goritz, la réputaiion d'un jacobin. Elle suffira pour effrayer les légitimistes pur sang, mais elle n'a pas suffi pour ras surer les électeurs libéraux de Savenay. Ils n'y ont vu que ce qui s'y trouve en effet, la condamnation de la dynastie déchue, grand et mémorable aveu de la part d'un de ses plus fidèles organes -, mais c'est peu de condamner le passé, si l'on n'adopte le pré sent, et les électeurs de Savenay ont pensé apparemment qu'ils pouvaient attendre, pour nommer M. de Genoude, que ses yeux déjà ouverts à la lumière des révolutions, se fussent entièrement désillés. Voilà ce que signifie l'échec essuyé par le rédacteur de la Gazette. M. de Genoude faisait deux parts dans la révolution de juillet : il acceptait le mouvement qui a exclu Charles X ; mais il condamnait, lui qui juge la nation souveraine, l'usage qu'elle a fait en 1830 de sa souveraineté. En un mot, il se réservait la possibilité éventuelle d'une adhésion aux prétentions de M. le duc de Bordeaux. C'est cette étrange inconséquence que les élocteurs de Savenay n'ont pas voulu encourager; et ils ont bien fait. M. de Genoude n'était ni tout à fait blanc, ni tout à fait bleu. Les blancs se sont contentés de cette politique à deux plumages ; les bleus, plus difficiles en matière de principe et de droit, n'ont pas voulu transiger. Nous les en félicitons comme d'un service rendu à la morale publique et au pays....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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