Extrait du journal

La partie de boules venait de finir. Main tenant ces messieurs, assis et fumant, célébraient le charme de la campagne, pen dant que Mme Mariaud et sa nièce aidaient Catherine à dresser la table dehors. Ce côté de la terrasse, abrité du couchant par la façade du château, se trouve dans l'ombre dès l'après-midi. Et cette ombre, grandissant, couvre à présent tout le jardin et les terres en pente le long du coteau où Roquelaure est bâti. La fraîcheur, le recueil lement du soir enveloppent ce coin, tandis que de l'autre côté, au midi, l'éblouissante lumière d'un soleil de juillet continue de rayonner sur la longue allée d'ormeaux au maigre feuillage calciné. Pareillement, en face, la colline avec ses oliviers pâles, le chaume jaunissant des blés coupés, et ses larges places d'argile nue, stérile et blanche comme neige, paraît embrasée. Et le hameau, en bas, montre radieuses ses trente maisons disséminées le long du chemin, leurs toits/ rouges et leurs murs blanchis à chaux. Sur la terrasse, sous les platanes de Ro quelaure, une fontaine jette l'eau par qua tre canons plantés dans les bouches de fau nes couronnés de lierre, sculptés par un artiste provençal du siècle dernier. Le bruit de cette eau limpide se répercuté dans le...