Extrait du journal

Quand une situation politique présente un danger, rien ne sert de l'atténuer en parole,tandis qu'il subsiste en fait; mieux vaut l'envisager tel qu'il est, pour le com battre résolument. Dans un régime d'opi nion, la presse indépendante n'a pas de plus impérieux devoir, en pareil cas, que celui d'avertir ceux qui portent le poids des affaires publiques de ne pas s'endor mir dans une fausse sécurité. Nous avons conscience d'avoir déjà rempli ce devoir, nous n'hésitons pas à le remplir encore. Est-ce donc que la situation actuelle ne soit pas de nature à donner des gages aux amis de la stabilité républicaine? Non. Mais il serait puéril de dissimuler qu'une vague inquiétude, qu'un certain malaise existent en ce moment dans le pays. Il semble que les élections législatives et les élections sénatoriales qui ont réduit à néant les prétentions monarchiques, il semble que 1 événement même du 26 jan vier qui a remis les choses dans la cor rection parlementaire-, ne nous ont pas, comme on avait lieu de l'espérer, placés encore sur un terrain solide. Le lende main, pour tout dire d'un mot, ne semble pas être suffisamment assuré. D'où vient cette incertitude ? De ce fait que depuis six mois le pays attend vaine ment les satisfactions promises, qu'on gaspille le temps, qu'on ne se met pas à la besogne, qu'aucun effort décisif n'a été fait pour la reconstitution de nos forces morales et matérielles, qu'on oublie trop enfin qu'à la nécessité d'agir se joint celle d'agir réunis. Le pays s'étonne et s'impa tiente de ce que toutes les bonnes vo lontés, tous les courages, toutes les prévoyances tardent tant à profiter des dispositions progressives qu'il a si haute...