Extrait du journal

Pour lutter contre ce grand mal, la dispersion des documents, M. Herriot, depuis le 6 août dernier, conféra à la Commission Lacroix des pouvoirs absolus d'investigation et de classification afin qu'elle puisse, après avoir catalogué les ouvrages, les répartir selon un ordre logique entre telle .et telle bibliothèque et que le chercheur sache où s'adresser pour trouver tous les ouvrages d'une même spécialité. Or, savez-vous ce qu'il en coûte à un homme qui vit des ans et des ans dans la contemplation de documents précieux — si précieux qu'il n'ose troubler leur repos ! — de les voir un jour quitter leurs chers rayons pour aller garnir ceux d'une bibliothèque voisine ? C'est un déchirement de tout son être et il est maint conservateur qui ne peut s'y résoudre, n'ayant pas pour la chose publique pareil dévouement et s'étant habitué à considérer comme sa propriété ce que l'Etat confie à sa garde. Aussi est-ce un bien curieux spec tacle que celui des travaux de la Commission Lacroix, laquelle se réu nit périodiquement dans une salle austère de la Bibliothèque Nationale depuis qu'elle est chargée de mettre un peu d'ordre dans les musées. On en est parfois réduit à dis cuter sur des dénonciations, sur des suppositions et l'on voit des hommes graves, d'esprit rassis... décorés, ru ser et dissimuler pour qu'on laisse « chez eux » un exemplaire dépa reillé d'une collection dont les au tres tomes sont — à la suite de do nations partielles ou de bouleverse ments — chez un autre conservateur. La Commission prend ainsi parfois des airs de Parlement et l'on est bien près des injures. Mais on ne saurait, n'est-ce pas, en venir là chez des hommes dont la science est le seui idéal ! M. Georges Wiîdenstein, secrétai re général de la fondation Doucet,...