Extrait du journal

une crise ministérielle peut-être, mais c'est une crise nette, définitive, où le pays verra clair. Leur céder, c'est pro longer sans profit pour personne une situation fausse. Il y a un antagonisme absolu entre les deux conceptions de gouvernement. Les uns ne veulent réaliser que les ré formes demandées par le pays, les au tres prétendent imposer à la nation les réformes qu'ils croient utiles, la nation n'en voulût-elle pas. Deux politiques semblables ne peuvent s'allier, se fon dre. Il faut que l'une se retire devant l'autre. Le pire des dangers, c'est de chercher une solution intermédiaire qui trompe tout le monde et ne satis fasse personne. Eh bien, si les radicaux et les intransigeants prétendent rendre le gouvernement impossible aux pro gressistes, qu'ils prennent le pouvoir, mais qu'ils le prennent pour eux seuls, sans partage, avec la liberté et la res ponsabilité des expériences auxquelles ils croient devoir soumettre le pays. Si cette fâcheuse aventure est inévitable, et cela est bien possible, mieux vaut qu'elle se produise alors que nous avons quatre ans devant nous pour ré parer ses funestes conséquences. La France ne sera point perdue parce que M. Clemenceau et ses amis seront au pouvoir ; ses destinées pourraient être, au contraire, gravement compromises si l'extrême gauche avait la réalité du gouvernement sans en avoir les appa rences et la responsabilité....