Extrait du journal
belles dents, un peu longues et larges, mais fortes et capables de dévorer la viande crue sur le dos du mouton qui paît dans la prairie, une bouche assortie aux dents par sa grandeur et riante, des lèvres un peu trop grosses mais rouges et pleines de santé, de grands pieds et de grandes mains, voilà les principaux charmes d'Augusta. Cela, c'est ce qu'on voyait tout de suite. Ce qui demeurait caché n'était pas tout à fait aussi beau. D'abord, aussi peu d'esprit que possible. C'est ce que les Français, tou jours polis pour les femmes, appelèrent jusqu'en 1870, «la candeur des Allemandes». Maintenant on avoue franchement qu'elles sont lourdes, même quand elles sont ins truites et savantes, ce qui arrive quelque fois. Augusta ne manquait pas à la règle. Elle parlait bien français, quoique avec le pâteux et hache-paille accent de sa patrie. Elle se montrait douce et soumise avec son père, qui, sans être méchant ni brutal (du moins pour un Allemand), lui aurait appli qué sans regret trois ou quatre coups de canne si, par hasard, elle avait osé dés obéir. Elle connaissait la supériorité natu relle de l'homme sur la femme. Il a la barbe épaisse, le bras vigoureux, la voix forte et menaçante; il dispose de l'argent du ménage et passe plusieurs heures dans les brasse ries à manger du saucisson à l'ail et à boire de la bière. La femme, pendant ce temps, balaye la maison, fait la cuisine, lave, pei gne, torche et couche les enfants, raccom mode les habits des deux sexes, et n'a pas de pipe à fumer, comme son mari, avant et après le repas. Comment oserait-elle lutter contre lui ? Elle savait d'ailleurs que ce qui arrive de nos jours est arrivé de tout temps: gùe la femme sera toujours la servante de l'homme, excepté chez quelques nations mé prisables, comme la France, l'Angleterre, l'Italie, les Etats-Unis, où des millions d'ef frontées se croient égales à leurs maris et quelquefois supérieures....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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