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Le Siècle, 25 avril 1882

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2.11.4

Le Siècle
25 avril 1882


Extrait du journal

Pendant que sa belle-sœur parlait, sa pre mière pensée avait été de demander aide et protection à sa mère comme elle le faisait pour tout ; à elles deux, elles empêcheraient bien ce mariage, car elle était certaine à l'a vance que sa mère n'en voudrait pas plus qu'elle. Mais après le premiér émoi calmé, elle s'é tait demandé si elle devait imposer cette confidence à sa mère -, et c'était cette ques tion qu'elle agitait pendant que Clara conti nuait à énumérer les raisons, toutes plus fortes les unes que les autres, qui devaient la décider à ce mariage. Certainement sa mère s'unirait à elle, et cette alliance lui donnerait plus de force ; ce serait sa mère qui dirigerait la résistance, qui ferait tout. Mais c'était cela précisément qui causait son embarras et son inquiétude, car appeler sa mère à son aide, c'était la jeter dans la lutte avec toute sa famille, sa belle-sœur et ses deux frères d'abord, puis ensuite avec son père aussi sans doute. Depuis qu'elle était en âge d'observer et raisonner, elle avait vu les sacrifices que sa mère s'imposait pour ne jamais contrarier ou gêner Sébastien et Frédéric, et comme elle en était récompensée, ne trouvant que le dédain ou des rebuffades pour ses hontes, traitée à propos de tout en étrangère, avec défiance quand ce n'était pas avec mépris. D'autre part elle avait vu et elle voyait chaque jour comment sa mère était avec son père, quelles précautions, quelles attentions quelles prévenances elle devait avoir pour qu'il ne se plaignit point ou ne se fâchât point, et cependant comme, malgré tout, il était-sévère pour elle, dur et môme bien sou vent injuste. Pendant longtemps elle n'avait pas voulu se faire juge entre son père et sa mère, fer mant les yeux à ce qu'elle voyait, les oreilles à ce qu'elle entendait, son esprit à ce qu'elle comprenait; reprochant même d» voir,...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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