Extrait du journal

Le National poursuit de ses railleries le maréchal Clausel, rap porteur de la commission chargée d'examiner le projet de loi rela tif à la translation des cendres de l'empereur, parce que le vieux soldat, en exprimant des sentimens vrais, ne s'est point attaché ou n'a point réussi à les rendre avec éloquence. II est certain que ceux qui ne seront touchés en cette occasion que de l'art de bien dire trouveront quelque chose à reprendre dans le rapport de la com mission ; mais la pensée qui anime ce rapport est généreuse et na tionale : voilà ce qui frappera surtout le pays. D'un autre côté, le Journal des Débats et la Gazette de France donnent carrière à leurs vieilles rancunes sous prétexte de com battre le despotisme de Napoléon. Ces deux feuilles, bien entendu, ne manquent pas de conclure que tous ceux qui ne veulent point mêler le reproche ou l'outrage à la grande solennité qui se prépare font peu de cas de la liberté. Le bon sens public a déjà fait justice de cet absurde sophisme. A l'histoire de juger si, au sortir des grandes luttes révolutionnai res, quand la France, livrée à l'anarchie, se trouvait en présence de l'Europe coalisée, la dictature de Napoléon a pu s'établir et se perpétuer légitimement à travers toutes les phases de l'époque im périale. Aujourd'hui, il n'y a ni place pour la dictature ni regrets pour le despotisme. La France trouve à la fois sa sécurité, sa force et sa grandeur dans ses institutions. Mais c'est pour cela même qu'elle s'abandonne sans cruinte à son admiration pour l'empereur, dont les victoires l'ont illustrée, doit les créations l'ont fortifiée ou enrichie, dont les malheurs ont accompagné ses propres désastres. Tant pis pour qui ne se sent pas remué jusqu'au fond du cœur par ces magnifiques souvenirs que toutes les nations envient à la Fran ce. Quant à la peine que se donne le Journal des Débals pour sé parer dans Napoléon le guerrier du souverain, elle est bien ridi cule et bien imprudente Si l'empereur n'a pas été un monarque légitime, suivant l'ex pression de M. de Rémusat, qui dune pourra se flatter de recevoir jamais ce caractère sacré d'une adhésion plus unanime, dans un pays où tous les droits émanent de la volonté nationale ?...