Extrait du journal
cains », quoi qu'ils fussent parfaitement convaincus que nous ne songions point à renverser la monarchie. Il est très vrai, d'un autre côté, qu'en adoptant, dans toute sa sincérité et toute son étendue, le principe de la souverai neté nationale, nous avons plus d'une fois combattu les décla rations et les doctrines d'un certain parti, de certains sectaires qui, dans leur manie d'imitation et d'enthousiasme pour une seule époque, aussi terrible que fameuse, de notre première révolution, se présentaient trop souvent comme des apôtres d'anarchie et de violence. Voila pourquoi on nous dit à pré sent : « Vous étiez hostiles aux républicains. » Qu'avons-nous vu cependant? Les prétentions extrava gantes de la monarchie n'ont-elles pas amené sa ruine? Et ne se rencontre-t-il pas sous la République des hommes passion nés, inintelligent, sans respect pour les principes et les droits qu'eux-mêmes ont proclamés, uniquement préoccupés du soin de faire revivre une époque dont la grandeur n'a pu ef facer ni les égaremens ni les misères ? L'article suivant du National nous dispensera de ré pondre : « Nous disions, il y a quelques jours, que l'époque où nous vivons n'avait rien de commun avec celle où la première République fut fon dée, et qu'il serait insensé de craindre aujourd'hui le renouvellement des crises formidables qui éclatèrent sur la France pendant les deux ou trois années qui suivirent le 10 août. Nous faisions observer que 1 Europe entière, ou à peu près, ayant adopté nos idées, une guerre de principes n'est plus possible; que, cette fois, personne n'a songé à émigrer; que la noblesse ni le clergé n'ont plus aujourd'hui les mêmes préjugés ni les mêmes passions ; qu'enlin les mœurs de la nation se sont grandement modifiées; que la fraternité maintenant n'est plus une théorie, mais un fait, et que le moyen le plus infaillible de faire rire à ses dépens, c'est de faire entendre des paroles ue colère et de pousser des cris de vengeance.II est certain que l'histoire des deux mois qui viennent de s'écouler présente un spectacle tout nouveau dans l'histoire des nations. Le gouvernement provisoire, investi par la force des circonstances d'une autorité illimitée et dictatoriale, résignera ses pouvoirs entre les mains delà convention, sans avoir répandu une goutte de sang, sans avoir proscrit un individu, sans avoir poursuivi un journal, sans avoir gêné la manifestation d'aucune idée. C'est là son triomphe, et ce sera sa gloire; mais ce triomphe est aussi le notre, et cette gloire bous appartient à tous comme à lui. Ils commettent done un étrange anachronisme ceux qui, dans un temps aussi calme et aussi prefondément pacifique, s'obstinent à par ler chaque jour des girondins et des montagnards. Ces gens ont plus de mémoire que $ imagination-, ils ont lu l'histoire de la révolution ; ils l'ont étudiée, mais comme des acteurs étudient une pièce de théâ tre où ils se proposent de jouer un rôle. L'Un croit être Danton, un autre Saint-Just, celui-ci Couthon, celui-là Robespierre; chacun ap prend par cœur son personnage, et se promit bien, quand le moment sera venu, de le représenter dignement. Eh quoi! messieurs, nepouvez-vous donc nous donner du nouveau? Ne voyez-vous pas que cela est usé, que vous parlez un langage qui n'est...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
En savoir plus Données de classification - meissonnier
- garnier-pagès
- longuet
- biard
- a. fougère
- richter
- hogarth
- baron
- etranger
- ba
- paris
- france
- colbert
- nestor
- goldsmith
- luxembourg
- carthage
- grèce
- europe
- havre
- la république