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Le Siècle, 27 août 1863

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Le Siècle
27 août 1863


Extrait du journal

tu ne lui trouvais pas un seul défaut. Qu'est-ce qui aurait donc pu modifier ta manière de voir, du soir au lendemain? Serait-ce quelques sacs d'écus de plus ou de moins?... Ont je ne puis le croire. Dis-moi bien vite que tu as voulu m'eprouver et me faire une grosse peur. . Angèle avait passé ses bras autour du cou de sa mère et cherchait à lire dans ses yeux. — Mon enfant, dit la baronne> je suis déso lée de détruire tes illusions ; mais il faut que tu saches que ces obstacles de rang et de for tune, dont tu tiens* si peu de compte, sont in franchissables. . . Le regard de Mme du Tailly était si net, son accent si .ferme cette fois, que la pauvre en fant n'espéra plus." Elle cacha sa jolie tête sur l'épaule de sa mère et reprit : — Docteur, dites donc à maman que' je ne puis vivre sans Mi Gilbert. Sa voix s'était éteinte dans ces derniers mots. Le docteur redoutait un évanouissement. Il se leva et alla lui prendre la main. Elle mon tra alors son visage inondé, de larmes, et so détacha doucement des bras de Mme du Tailly. — N'ayez aucune crainte, dit-elle; je ne suis pas malade, mais j'ai besoin de pleurer à l'aise. Et prenant un flambeau elle se retira. La baronne voulait la suivre, mais M. Per-, non l'en empêcha. — Laissez-la pleurer, lui dit-il. Dans la cir constance. et puisque vous êtes bien résolue à ne pas céder, c'est ce qui peut lui arriver de plus heureux. — Je parie que vous m'en voulez, docteur ? demanda la mère attristée. — Ceci est mon secret, dit M. Pemon, en boutonnant du haut en bas sa redingote, ce qu'il ne faisait que dans les grandes occasions. Et il sortit brusquement du saloa. Ce soir-là les échecs eurent tort. Au bout d'une heure, Angèle n'avait point reparu. Sa mère monta a. sa chambre et trouva la porte fermée. Elle frappa en priant d'ouvrir. Angèle répondit qu'elle désirait être seule. Cependant que faisait-elle dans cette cham bre qui jusque-là n'avait retenti que de ses chansons? Elle, sanglotait, maudissait le sort, priait, s'agenouillait et marchait2 à grands pas; tour a tour. Cependant une idée brilla tout à coup dans>on esprit, comme Iw-en-eiel dans un ciel pluvieuï. ...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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