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Le Siècle, 28 août 1863

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Le Siècle
28 août 1863


Extrait du journal

La soirée fut fort abrégée, le. voyage avait fatigué le comte. Il demanda la permission de se retirer de bonne heure. Je vous laisse à pen ser si Angèle la lui accorda de grand cœur. Dès le second jour, M. de Léris cojnmençà.à se trouver très mal à l'aise. M1'6 du Tailly n'é coutait ses récits qu'avec une fatigue visible. S'il vantait les plaisirs bruyaris de la capitale, elle lui répondait en vantant les joies paisibles de la campagne. Quoi qu'il blâmât, elle le louait; quoi qu'il louât, elle le blamait. C'était la plus plaisante discordance. Décidément sa cousine n'était pas à sa hau teur. — Parlons-lui d'amour, se dit le jeune fat; toutes les femmes comprennent ce langage. Ce parti pris, il se regarda préalablement avec complaisance dans une glace, et se rap prochant d'Angèle, il daigna jeter les yeux sur les fleurs qu'elle était en train dé broder. — Elles sont moins fraîches que vous, dit-il en se rengorgeant comme s'il venait de trou ver une phrase aussi irrésistible que ses gilets. — Ah ! mon Dieu,s'écria Angèle, vous parlez de fraîcheur, mon cousin; cela me rappelle que j'ai oublié d'ar/oser les fleurs de mon par terre, un parterre à moi, auquel personne ne touche sans ma permission. Et se levant avec précipitation elle planta là M. le comte fort désorienté. Le parterre en question exigeait sans doute beaucoup d'eau, car on ne la revit plus de l'a près-midi. A six heures elle reparut dans sop négligé le plus simple. C'était, selon elle, une manière de ridiculiser son cousin dont la toilette était de plus en plus flamboyante. Et puis, à partir de ce moment, elle sembla prendre à tâche de ne paraître au salon que lë moins possible. Dès que M. de Léris entamait un discours galant, elle trouvait un prétexte pour s'éclipser. Le plus fou vent elle s'enfonçait dans le parc et se dirigeait de préférence vers la petite rivière, qui lui rappelait un souvenir à la fois si triste et si doux. La pauvre eofant ne comprenait rien au silence que gardait Gilbert. — Ah t se disait-elle, s'ils pouvaient se trou ver en présence i Si maman voulait se donner la peine de comparer Gilbert à mon ignorant et frivole cousin î Un jour qu'elle accomplissait son pèlerinage...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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