Extrait du journal
L'incident provoqué par un journal hongrois et relatif au baron de Mohrenheim serait-il appelé à avoir des conséquences inattendues sur la composition du corps diplomatique accrédité auprès du prési dent de la République et par suite sur celle de notre représentation à l'étranger? Un journal allemand, la Gazette de Colo gne, a posé la question : il s'est demandé s'il était sage de continuer d'accréditer en ■France des ambassadeurs, qui sont des envoyés directs du souverain, sur lequel rejaillissent,par conséquent,les calomnies des feuilles à scandales ; s'il ne .vaudrait pas mieux les remplacer par de simples ministres plénipotentiaires, qui sont seu lement des délégués du ministre des affaires étrangères et envers qui toutes, les insinuations sont permises, voilà pour la question de fait. Quant à la question de droit, de bons commentateurs ont prétendu qu'une République, par cela même qu'elle est impersonnelle, ne peut pas avoir de représentant personnel du souverain, c'est.à-dire d'ambassadeur accrédité auprès des puissances, et, comme en pareille matière, la réciprocité est la règle, une République ne peut pas exiger que des ambassadeurs soient accrédités auprès d'elle. C'est une thèse qu'il est possible de soutenir^ comme toutes les thèses du reste. On pourrait objecter que dans une république, le sou verain, c'est le pays entier et qu'à ce titre, au lieu de considérer le représentant d'une république comme étant d'une classe infé rieure à celle du représentant d'un empe reur ou d'un roi, on devrait le tenir pour infiniment supérieur,et pour être logique, il faudrait trouver un autre titre ayant beaucoup plus de prestige que celui d'am bassadeur. Mais nous estimons que ce sont là des qûestions absolument oiseuses. Les cabinets européens ont mieux à faire qu'à discuter de semblables balivernes. Que la Russie soit représentée chez nous par un ministre plénipotentiaire ou par un ambassadeur, les relations des deux pays n'en seront pas moins bonnes, ni les sympathies moins vives, ni les intérêts moins communs; un changement'analo gue n'aurait de même aucune influence sur la nature des rapports entre la France et l'Allemagne. Les titres sont des mots, et les questions d'étiquette n'ont plus au jourd'hui la moindre importance dans les combinaisons de la politique inter. nationale. Nos récentes critiques au Journal de Genève, que nous persistons à accuser de tendances allemandes et d'hostilité mal dis simulée envers notre pays, l'ont touché beaucoup plus qu'il ne veut l'avouer. 1} affecte une insouciance et une placidité' que son langage dément, et il b imagine que nous allons prendre pour du dédain ce qui n'est que du dépit. Il nous répondait avant-hier,dans sa troisième page; il nous répond encore aujourd'hui dans sa pre mière ; c'est vraiment consacrer beaucoup de place à une feuille qui, pour employer son expression « est peu connue en France et à peu près inconnue au dehors.» De ces aménités, il est aisé de conclure que nous avons eu le plaisir de le faire...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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