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Le Siècle, 28 décembre 1887

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Le Siècle
28 décembre 1887


Extrait du journal

tes excentriques qu'on était accoutumé à- lui voir porter. — Maria Clarke se range, disait le clan des goinmeux. — Maria Clarke se venge, disait celui des gommeuses. L'un et l'autre disaient vrai. Maria Clarke, la fine mouche, abandonnait la vie de cour tisane pour s'en faire une meilleure, et ten tait de se venger du duc de Châteaufçrt qui lui avait fait commettre une action imparponnable, disait-elle. En un mot, Maria Clarke, l'inoccupée, s'occupait, ainsi qu'elle l'avait annoncé au duc ; et en cherchant à retrouver l'enfant de la duchesse, se prépa rait au mariage. M. Ghesfield et la belle Anglaise déjeunè rent en tête à tête, causèrent comme deux amis, firent même des projets de voyage. Maria traitait le jeune homme comme un as socié, mais c'était tout. Sévère, elle l'était, quoique'sans pruderie. Quand celui-ci vou lait risquer uné parole tendre, elle l'arrêtait aussitôt avec un tact parfait renforeé de l'es prit d'à-propos qu'elle possédait au suprême degré. Et l'Américain, quoique ou parce que forcé au silence, était charmé. Sa passion débordait. Il savait ce qu'avait été Maria dans le monde parisien'; elle-même ne le lui avait pas dissimulé ; mais, excen trique ou observateur, il voyait ce qu'elle était, voulait croira en elle, et se grisait, sans le faire voir, à la pensée qu'elle pouvait être, malgré tout, aussi bonne que belle. — Mon grand désir, dit-il pendant le dé jeuner à sa nouvelle amie, serait de voyager longtemps, de faire le tour du monde. — Grand désir, reprit Maria, réalisable pour vous, monsieur le nabab. — Ne partageriez-vous pas ce désir, miss ? — Pardon, mais je ne suis pas, moi, à la hauteur pécuniaire de pareille entreprise. — Et si je vous offrais ce voyage, miss? — Je ne l'accepterais pas, monsieur, car si vous m'abandonniez par hasard dans la Nouvelle-Zélande, nos antipodes, je crois, je serais trop embarrassée pour en revenir, et...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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