Extrait du journal
— Alors, dit-elle, veuillez m'expliquer où nous devons nous placer. De la main le vicaire lui désigna un coin des bas côtés, à gauche de la porte d'entrée, et qui était l'endroit où, dans les jours de la semaine,on entassait les chaises disséminées çà et là le dimanche dans toute l!église. Sans répliquer, Hélène conduisit, ses élè ves à cette place, et comme il n'y avait pas de chaises arrangées pour les recevoir, elle, se mit à en atteindre à un tas appuyé contre le mur. . ,,-t Vivement le vicaire arriva près d'elle. — Il n'y a pas de chaises pour vous, dit-il. -r Ce n'est pas pour moi, c'est pour mes élèves, qui ont bien la droit d'en avoir en les payant. Et elle continua de passer des chaises à ses élèves les plus grandes. Ç'avait été au tour du vicaire de rester dé concerté ; évidemment il n'avait pas prévu cette résistance, et ce calme l'exaspérait. — Cessez ce vacarme, dit-il, vous troublez l'office. — Mais il n'est pas commencé. — Si vous continuez ce tapage scanda leux, dit-il d'une voix à peine intelligible tant elle était saccadée, j'appelle le suisse pour qu'il vous fasse sortir. Hélène s'arrêta et, sans parler, elle regarda le vicaire en face, non d'un air de défi, mais avec le sentiment de son. droit et de sa dignité. De pourpre qu'il était le vicaire blêmit; ses lèvres, agitées d'un tremblement ner veux, se décolorèrent. Pendant quelques secondes ils restèrent ainsi en face l'un de l'autre, au milieu du silence, car tout le monde les regardait, se demandant ce qui allait arriver; seules, les élèves d'Hélène et quelques rares personnes, car ce coin était déshonoré, avaient entendu la menace du vicaire. Heureusement les cloches sonnèrent, et leur appel calma instantanément l'abbé Périchard comme si elle lui avaient rendu la raison; il détourna les yeux et, s'éloignant a grands pas, il remonta vers le chœur. L'institutrice communale avait insulté le vicaire: c'était donc un démon, cette fillelà 1 II y eut des dévotes qui regrettèrent que l'abbé. Perichard ne l'eût pas aspergée d'eau bénite ; bien sûr on l'aurait vue se dissiper en fumée, et il ae serait resté d'elle qu'une...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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