Extrait du journal
FRANCE. Pari*, 28 mal. Quand le sang français fumait encore sur le champ de bataille de Waterloo; quand la France, envahie par la coalition et livrée par des traîtres était foulée aux pieds par les chevaux des cosaques ; quand nos vieilles légions mutilées se dispersaient toutes frappées au cœur dans la personne de leur immortel capitaine; quand celui-ci, échappé à grand'peine aux assassins qui devaient bientôt se souiller du meur tre du maréchal Brune et de plusieurs autres de nos généraux, tom baient aux mains de l'étranger, pour qui étaient les sarcasmes et les outrages du Journal des Débats! Pour l'empereur détrôné, pour nos soldats en deuil, pour tous les révolutionnaire». L'admiration et les hommages de la feuille royaliste étaient réservés aux chefs de la sainte-alliance, à Sacken, à Blùchcr, à Wellington, nos libérateurs; aux déserteurs, aux traîtres, quelquefois même, ce qui est plus triste àrappeler, aux brigands dont le fanatisme furieux remplissait le midi d'épouvante. Ce ne sont pas là des rêves de notre imagination, ce sont des faits présens à tous les esprits. Nous citions il y a quelques jours les cyniques paroles par lesquelles l'empereur, prisonnier des Anglais, avait été poursuivi jusque sur le vaisseau qui l'emportait loin de sa patrie. Il était baffoué, vilipendé ; il était traité de lâche, lui, le héros de tant de batailles, le soldat intrépide d'Arcole ët de Marengo, parce qu'il ne se tuait pas, parce qu'il allait léguer au monde le souvenir de cette sublime agonie aussi résignée que celle du Christ et qui a duré plus longtemps ! Et pourquoi avait-il accumulé tant de haines, tant d'injures sur sa tête? Parce que le parti de l'émigration et toutes les aristocraties cory urées de l'Europe reconnaissaient en lui le représentant cou ronné de la révolution française. Ce n'était j>as comme ennemi de la révolution que le Journal des Débats l'attaquait, l'outrageait alors! Les infâmes diatribes dans lesquelles Bonaparte et tous les défenseurs des principes de 1789 étaient confondus sous la qualifi cation de jacobins en font foi. Et c'est le Journal des Débats qui ose se porter contre nous le défenseur de la révolution? Et c'est lui qui invoque le nom tant de fois insulté de Lafayette! Et il s'efforce d'associer à ses opinions, à son passé, les hommes les plus purs de la gauche sous prétexte qu'ils ont horreur du despotisme et qu'ils aiment la liberté comme lui l...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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