Extrait du journal
recouverte à l'intérieur par un rideau; une moitié de cette fenêtre se trouvait dans le lit de Mattia, l'autre moitié dans le mien. Ne voulant pas que Capi réveillât toute la mai son, je lui posai nne main sur la gueule, puis je regardai au dehors. Mon père, entré sous la remise, avait vi vement et sans bruit ouvert la porte de la rue, puis il l'avait refermée de la même ma nière après l'entrée de deux hommes lourde-, ment charges de ballots qu'ils portaient sur leurs épaules. Alors il posa un doigt sur ses lèvres et de son autre main qui tenait une lanterne sour de à volets, il montra-la voiture dans la quelle nous étions couchés ; cela voulait dire qu'il ne fallait pas faite de bruit de peur de nous réveiller. Cette attention me toucha et j'eus l'idée de lui crier qu'il- n'avait pas besoin de se gôner pour moi, attendu que je ne dormais pas, mais comme ç'aurait été réveiller Mat tia, qui lui dormait tranquilement sans dou te, je me tus. Mon p.ère aida les deux hommes à se dé charger de leurs ballots, puis il disparut un moment et revint bientôt avec ma mère. Pendant son absence, les hommes avaient ouvert leurs paquets ; l'un était plein de pièces d'étoffes ; dans l'autre se trouvaient des objets de bonneterie, dos tricots, des ca leçons, des bas, des gants. ' Alors je compris ce qui tout d'abord m'a vait étonné : ces gens étaient des marchands qui venaient vendre leurs marchandises à mes parents. Mon père prenait chaque objet, l'exami nait à la lumière de sa lanterne, et le pas sait à ma mère qui avec des petits ciseaux coupait les étiquettes,qu'elle mettait dans sa poche. Cela me parut bizarre, de même que l'heu re choisie pour celte vente me paraissait étrange. Tout en procédant à cet examen, mon père adressait quelques paroles à voix basse aux hommes qui avaient ces ballots : si j'a vais su l'anglais, j'aurais peut-être entendu ces paroles, mais on entend mal ce qu'on ne comprend pas ; il n'y eut guère que le mot poheemen, plusieurs fois répété, qui frappa mon oreille. Lorsque le contenu des ballots eut été soi-...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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