Extrait du journal

L’armistice venait d’être signé. Nous fûmes ramenés de Blois, où nous nous battions encore la veille, à SaintAin and Montrond ; nous évacuions deux départements. Telle était la volonté du vainqueur ! Je me rappellerai toute ma vie, et dût celle-ci durer encore cent ans, cette retraite humiliée, lasse, où nulle espérance ne nous soutenait plus ; où tous les ressorts ae notre être moral étaient brisés ; où nos piedsétaientplus lourds que s’ils eussent traîné le boulet d’infamie. Quel morne silence dans nos rangs pendant le trajet ! On n’entendait plus cvs chants alertes, entraînants, dont j’ai encore le clair refrain dans l’oreille, qui nous aidaient, peu de jours avant, dans nos longues marches, et qui redonnaient élasticité et vigueur à nos jambes ployant sous le poids des kilomètres et du fourniment....