Extrait du journal

H faut reconnaître que la question Blanqui a un mérite, c’est de fournir aux journalistes affamés, en ce mois de disette caniculaire, un aliment sans doute un peu indigecte, mais suffisamment réparateur. La décision qui a été prise par le Congrès républicain de Bordeaux, et en vertu de laquelle M. Achard a été choisi comme unique concurrent de M. Blanqui, a simplifié la question, et maintenant le dénouement va dépendre de l’attitude qui sera prise, après-demain, dimanche, par les abstentionnistes du premier scrutin. La Marseillaise n’admet pas qu'il y ait le moindre doute sur le résultat. Elle annonce que l’élection du vieux lutteur de la démocratie, du candidat de l'amnistie plénière, est certaine à sept ou huit cents voix de majorité. Nous tenons cependant de bonne source que le Gouvernement a reçu de Bordeaux d’autres nouvelles et qu'il compte même sur la défaite du vieux révolutionnaire. Ainsi qu’on la fait remarquer, M. Lavertujon, aux élections d’avril, réunissait plus de 5,000 voix républicaines. Pour atteindre ce chilïre, il manque plus de 2,000 suffrages à M. Achard. Eh bien ! il faut que ces suffrages, qui ne peuvent être perdus, se retrouvent. S’ils sont dispersés, on peut les réunir avec un peu d’activité, en exerçant une action vigoureuse sur la masse des électeurs qui se sont abstenus au premier tour de scrutin. Le Rappel a pris dans cette question une altitude assez étrange. Il ne se prononce ni pour ni contre la candidature Blanqui, mais il commente les divers incidents de la lutte électorale et signale avec une satisfaction non dissimulée les embarras dans lesquels se trouve le Gouvernement. C’est ainsi qu’aujourd’hui M. Edouard Lockroy insiste sur la « faute énorme » que nos gouvernants auraient commise, suivant lui, en refusant l’amnistie pleine et entière et qu’il s’efforce de démontrer que, de quelque façon que tournent les choses, le ministère aboutira fatalement à une chute....