Extrait du journal

Mais la grosse erreur et évidemment la principale cause du « malaise » qui a déterminé la démission de M. Berthelot, ç a été la faiblesse, la contradiction et l’inconséquence de son attitude vis-à vis de l’Angleterre dans 1 affaire de l’Egypte et de l’expédition sur Dongola. Il nous paraît clair aujourd'hui que M. Berthelot, entraîné, grisé peut-être par la persuasion qu’il avait obtenu un succès et capté l’amitié de l’Angleterre dans l’arrangement relatif au Siam et au Mékong, s’est laissé aller à L’espoir d obtenir du lion britannique qu il desserrât la griffe enfoncée au flanc de l’Egypte et nous fit ce plaisir d’abandonner la proie qu’il détient et qu’il n’a pas la moindre envie de lâcher. Est-ce l’insis tance qu’il y a mise qui a provoqué les grognements sourds et le nouveau bond en avant du fauve insulaire qui, comme la bête de l’Apocalypse, allonge ses pieds sur plusieurs tribus et royaumes? A-t-il cru candidement que l’Angleterre voulût céder ce qu’elle détient autrement que contrainte par la force ou par le sentiment d’un gros risque à courir? Et, avant de partir en campagne contre elle pour lui faire lâcher ce gros mor ceau, a-t-il oublié qu’il lui fallait s’assurer, outre le concours de la Russie, (que son flirt avec l’Angleterre risquait d’ailleurs de refroidir), celui des autres puissances de l'Europe ou tout au moins de l’Allemagne ?...