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Le Soleil, 8 octobre 1884

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Le Soleil
8 octobre 1884


Extrait du journal

Ceux-ci constituent un danger permanent et dont l’importance augmenta chaque jour. C’est dans leurs rangs que se recrutent les malfaiteurs, quand le commerce ne va pas, et ce sont eux qui fournissent aux bandes des complices dans le genre de Delbarry. Aussi, M. Charles Laurent a-t-il cent fois raison, lorsqu’on présence d’une apathie légis lative qui laisse tout en l’état, il demande que les souteneurs soient assimilés à des délinquants, c’est-à-dire que la seule action de vivre de cette existence ina vouable, soit considérée comme un dé lit. Coûte que coûte, il faut que cela finisse et que Paris ne voie pas s’éten dre, chaque jour, cette souillure. C’est très joli de répondre toujours que l’on est désarmé, mais ce n’est ni intéressant ni suffisant. Il n’y a pas à dire le contraire : Paris s’inquiète et Paris a raison. On y devine que l’impunité constante laissée à ces gredins, devient de plus en plus péril leuse et que l’armée s’augmente, de jour en jour, de nouvelles recrues. Et re crues est le mot, car la plupart ne dé passent pas vingt ans de bien des an nées. La bande de Passy ou une partie de la bande arrêtée dans un taudis de Grenelle, où elle faisait ripaille, comptait six personnages, quatre hommes et deux filles. Aujourd’hui la fille est une acolyte indispensable, dans toutes les entreprises criminelles. Eh bien, sur les quatre hommes, il y a trois récidivistes. Le quatrième est un de ces jeunes mi sérables pour qui le vagabondage est une sorte de vocation, et qui désertent la famille pour suivre les premiers gre dins qu’ils rencontrent, et se mêler à leur existence. Les exploits de cette bande sont d’une audace sans pareille. En moins de quinze jours, dans Passy, elle a mis huit maisons au pillage, et l’on ne compte pas les tentatives avortées, pour une cause ou pour une autre, par suite de mesures mal prises ou de renseigne ments mal donnés. On ne s’imaginerait pas que, dans une ville comme Paris, de telles choses puissent se produire, sur tout dans un espace de temps aussi bref," quand l’éveil est donné et quand dès le premier attentat signalé, une surveil lance active devrait être aussitôt orga nisée. La police de nuit est mal faite ; ce n’est pas le zèle qui manque, ni le désir de bien faire, mais c’est l’organisation qui est défectueuse. On dirait que ces; brigands sont au fait de tout ce qui se passe et qu’ils savent au juste combien; de temps ils ont à travailler sans être inquiétés. De ce côté, il semble qu’il y ait beau coup à faire, sinon tout, et il n est pas facile de comprendre que des agents ne se trouvent pas là, dès la première alerte. Ce n’est pas la promenade mé thodique des gardiens de la paix qui peut être une fameuse garantie de sé curité, et mieux vaudrait, sans aucun doute, des escouades assez nombreuses d’agents alertes, solides et reconnus pour très braves, qui n’attendraient pas le crime, mais se mettraient à sa re cherche, le traqueraient. Enfin, il faut faire mieux qu’on ne fait aujourd’hui, et par conséquent faire autrement. En at tendant le bon vouloir du Sénat, c’est la chasse aux voleurs qu’il faut organi ser, tout autrement qu’elle ne l’est. Ces gaillards-là sont malins et ne se jettent, pas plus dans les bras des agents que les alouettes rôties dans le bec des badaubs. Ils savent assurément qu’ils peu vent être pris, et s’y attendent ; mais ils savent aussi qu’ils sont bien rarement surpris, qu’on ne les suit point à la piste, et c’est là ce qui explique leur dan gereuse audace. Je ne vois pas de rai* sons pour qu’elle diminue et surtout pour qu’elle disparaisse, puisque la por lice suit toujours les mômes errements et que le Sénat persiste à demeurer muet sur la question. Jean de Nivelle....

À propos

Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.

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