Extrait du journal

AU JOUR LE JOUR GENS DE POUDRE M. Hugues Le Roux est infatigablc.Jc ne crois pas qu’aucun littérateur de ce temps ait eu plus de fécondité que lui. Il sait toute chose, aucun bruit de la ville ne lui est inconnu ; mouvement artistique, intellectuel scientifique, il suit tout cela, se tient au courant des moindres questions avec une vaillance extraordinaire. Et -tandis qu’il écrit des chroniques, que son nom figure au bas de journaux de Paris et de la province, il trouve encore le temps de faire des conféren ces, de publier des romans, des livres. C’est ainsi qu’en ce moment il n’est question que de ses Gens de Poudre, comme on parla Van der nier du Maître de l'Heure. Il s’agit d’études sur l’Algérie, d’impressions rapportées après un long séjour dans notre co lonie africaine. M. Hugues Le Roux s'est pas sionné pour cette terre, pour le désert, et il s’est mis dans la tête de nous les faire connaître, de nous les faire aimer. Dans le Maître de l'Heure,il nous peignait un de ces patriotes arabes qui ré sistèrent d’abord à la domination française; maintenant, il retrace cette vie de lutte quotitienne, de dangers, que supportèrent si vail lamment nos soldats. Seulement, M. Hugues Le Roux aime l’histoire à la façon d’Alexandre Dumas : il prend des faits vrais, il s’inspire du cadre où ils se sont accomplis, et il cherche à reconstituer le tout, en se servant des pin ceaux d’un vrai coloriste et en utilisant une ins piration très fertile. C’est là, en effet, une excellente manière d’écrire l’histoire de l’Algérie, de retracer cette épopée si glorieuse pour nos armes et qui a produit tant de héros. Avec ce procédé, les annales africaines seront vite vulgarisées, d’au tant plus que M. Hugues Le Roux sait créer des types, de ces types de vieux soldats d’Afrique dont nous avons entendu parler dans notre en fance, mais que les générations actuelles igno rent. Un ouvrage a certainement dû l’inspirer et le diriger dans ses travaux : ce sont les belles let tres du maréchal Bosquet, où l’illustre soldat ra conte dans un si beau style, avec tant d’origina lité, ces campagnes qu’Horace Vernet avait déjà retracées dans cette suite de toiles si vives, si animées. Que de beaux paysages, que de récits émouvants dans cette correspondance trop peu connue, où plus d’une page est un modèle de littérature t Tantôt, le jeune officier, le futur vainqueur de l'Alma, nous fait assister à la ba taille ; tantôt il nous montre l’armée au repos après la victoire, ne négligeant pas de donner de l'adversaire une idée exacte, vraie, jusqu'à le rendre sympathique et intéressant. Ce sont des lectures comme celles des lettres du maréchal Bosquet, du roman de M. Hugues Le Roux, qui consolent des afflictions du temps présent. Et il ne faut rien moins que cet attrait d’une épopée pour nous arracher aux préoccu pations actuelles. Il me semble que ce nouveau livre est une préface et que prochainement nous aurons enfin cette exposition si longtemps pro jetée de nos guerres d’Afrique. La société de la Sabretache, qui organisa, il y a deux ans, ce ma gnifique groupement de tableaux, de souvenirs de l'époque impériale, ne peut manquer de con tinuer son œuvre patriotique en consacrant à l'Algérie une exhibition analogue. M. Hughes...