Extrait du journal

Nous avons plusieurs fois,, et notam ment dans notre article du 14 décembre dernier, entretenu les lecteurs du Soleil de là triste situation dans laquelle sc i| trouve notre colonie de la Martinique. Nous avons raconté les scènes de désor dre et les actes de violence qu’a amenés sur plusieurs points de l’ile la haine ab surde d’une partie de la population noire contre la population blanche. Le mal n’a fait que s’accroître et les dernières correspondances arrivées de la Martinique nous apprennent que des pro priétés ont été livrées au pillage et que la vie même des habitants d’origine euro péenne n’est plus en sûreté. Dans la commune de Sainte-Marie, des bandes de noirs ont. pénétré dans les su creries, et, sous prétexte d’organiser des grèves pour faire hausser les salaires, ont molesté les travailleurs paisibles, brisé les instruments agricoles et commis des dé gâts de toute espèce. Dans la commune de La Trinité, le di recteur d’une exploitation agricole, as sailli par une troupe d’énergumènes et ayant vu un de ses employés tomber à ses côtés, a été obligé de faire usage de ses armes pour défendre son existence. Le maire de la commune s’est hâté de faire enlever à ce citoyen les armes dont il s’était servi. Cette mesure de désarmement de la population d’origine européenne a été appliquée dans plusieurs autres commu nes, où désormais les propriétaires se trouvent à la merci des bandes de noirs qui parcourent le pays et y répandent la terreur. Le gouverneur de la Marlin:que, M. Allègre, ne fait rien pour protéger les blancs : quand des collisions se produi sent, il donne systématiquement raison au noirs et ne craint pas de dire, pour justifier sa manière de voir, que le droit est du côté du nombre. 11 est grand temps que tout cela finisse. Il est grand temps que le gouvernement rappelle M. Allègre au sentiment de ses devoirs d’administrateur, qu’il semble avoir complètement perdu, si tant est qu’il l’ait jamais possédé. Le gouvernement n'a aucun intérêt à laisser une des rares colonies qui nous restant périr dans le désordre et l'anarehie. Il doit, partout où flotte le pavillon français, au-delà des mers comme sur le territoire métropolitain, soutenir le prin cipe d’égalité qui ne veut pas que les ma jorités puissent opprimer et violenter les minorités. Nous espérons qu’il va agir, et agir avec promptitude et énergie. 11 est impossible que l’amiral Jauréguiberry qui est un honnête homme, un loyal marin, refuse de prêter l’oreille aux justes plaintes de la population européenne de la Martinique. Nous ne demandons pas au ministre de la marine de favoriser les blancs aux dépens des noirs. Nous de mandons seulement qu’il procède à une enquête sérieuse sur les faits qui sc sont passés depuis un an dans la colonie. Il pourra juger ensuite en connaissance de cause, à condition pourtant que l'enquête ne soit dirigée ni par M. le gouverneur Allègre, ni par M. le député Hurard. H. de Kerahanl....