Extrait du journal

des soldats, pour les instruire de ce qu’ils ne savent pas et les transformer en soldats. Que si on lève un tailleur pour en faire un tailleur, un cordonnier pour en faire un cordon nier, etc., c'est une faute. Ces hommes, par leur passage au régiment, n’y ont pas appris ce qu’ils pouvaient et devaient y apprendre. Vous me répondrez: « On leur fait exercer leur profession quand leur instruction militaire est terminée. >• Alors, notre temps de service est donc trop long? Réduisons-le. C’est formel. Nous avons, par exemple, un ministre civil des travaux publics civils, qui a des goûts militaires. Il a choisi un chef de cabinet militaire, qui manque à son ba taillon. Puis il a obtenu du ministre de la guerre, pour faire ses petites commis sions, deux soldats vélocipédistes. Est-ce là leservice militaire? La patrie exige-t-elle qu’on prenne à des citoyens trois ans de leur vie, quand la première année seule est occupée par des exercices militaires, et que les deux autres années sont em ployées à porter à travers Paris les di vers messages de M. Turrcl ? Non, la patrie ne l’exige pas. Elle exige au contraire que, leur instruction mili taire achevée, les citoyens soient rendus à leur famille, à leur champ, à leur ate lier, dans l’intérêt de la morale, de l’ac tivité économique, du budget et de la repopulation IjCS fantassins allemands ne font que deux ans de service : et nul spectacle ne donne autant une impression de force, de consistance, d’homogénéité morale et de solidité matérielle, que la vue d’un régiment d’infanterie prussienne en mou vement. Il suffirait assurément d’une année pour obtenir les mômes résultats avec des Français préparés, comme nous le demandons, et comme le voulait la loi de 1881), par l’éducation physique de toute la jeunesse. Qu’un examen soit institué à la fin des douze mois, tel qu’il avait lieu sous le ré gime de 1872 peur les volontaires d’un an ; que les incapables soient retenus encore six mois, encore une année: ce sera parfait. La bâte qu’ont les citoyens de quitter la caserne pour retrouver leur foyer, pour reprendre leurs travaux, ré pondra de leur zèle. Ils seront d’autant meilleurs soldats qu’ils auront plus envie de ne pas l’être longtemps. Pour abréger la durée du service, dans l’intérêt général du pays, les Allemands ont retranché de leurs méthodes d’ins truction tout ce qui n’olTrc pas d’utilitc pratique. Aussi bien à l’officier qu’au soldat, ils ne veulent apprendre que le combat, que la guerre. Dans la situation morale de l’humanité, dans l’état écono mique actuel de l’Europe, le gouverne ment et le Parlement de l’Allemagne im périale ont compris qu’ils n’avaient pas le droit d’exiger des citoyens au delà du temps indispensable à la préparation de la défense nationale. Il est inouï qu’un régime républicain et prétendu démocratique s’obstine dans une prétention contraire. Urbain fichier....