Extrait du journal

Il serait trop révoltant d’interdire la première et d’autoriser la seconde. La cour d’appel de Toulouse, bien qu’elle n’ait prononcé do condamnations que dans un sens, pose en principe que toute sorte d’ingérence est illicite. Elle prétend défendre aux journaux de s’oc cuper des grèves, de les discuter, d’y prendre parti. C’est inadmissible. Comment ! Les grèves sont les mani festations aiguës du mal social ; elles at tirent cl retiennent sans cesse l’attention sur le problème de la répartition des produits entre le capital et le travail ; c’est là qu’aboutit toute l’agitation sociale; c’est là que se résume toute la question sociale. Au fond, la question sociale est tout. Les autres questions, patriotiques, politiques, économiques, philosophiques, n’ont plus d’intérêt que par le lien qui les rattache à cette dominante. Et les organes de l’opinion ne pour raient plus discuter les grèves devant l'opinion ? examiner contradictoirement, à propos de chaque espèce, les condi tions du contrat de travail ? soumettre à tout le monde les faits et les raisonne ments qui intéressent tout le monde, puisqu’ils intéressent tous ceux qui tra vaillent et tous ceux qui font travailler? Quelle extravagance I Même au point de vue de l’ordre, de la paix publique, la thèse de la cour de Toulouse est trop dangereuse. Les grè ves relèvent surtout de l'opinion; dans chacun de ces conflits, on a toujours vu les patrons d’un côté, les ouvriers de l’autre, s’efforcer de conquérir l’opinion, de prouver la justice de leurs exigences ou de leur résistance ; l’opinion décide. Va-t-on supprimer ce tribunal équitable et pacifique ? Qu’cst-ce qu’on cherche donc? Urbain (.obier...