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Le Soleil, 28 septembre 1884

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Le Soleil
28 septembre 1884


Extrait du journal

nement, et il est scandaleux qu’il n’ait pas montré plus tôt cette sollicitude, il est scandaleux qu’il ne rentre en scène que le samedi 27 septembre. Ne fût-ce que dans l’intérêt et par souci de la sécurité publique, il aurait dû abréger ses vacances. Les ministres sont des hommes et à ce titre ils peu vent avoir besoin de repos. Mais enfin on n’est pas ministre en vertu d’un arrêt de la Cour, on n’est pas condamné à la possession d’un porte feuille, comme un repris de justice est condamné, pour tentative d’assassinat, aux travaux forcés. Un ministre qui ne se sent ni de force, ni de taille à remplir tout son devoir, doit donner sa démission. Le ministre qui conserve son porte feuille avoue en fait qu’il se sent en état de s’occuper des affaires publiques. Alors il doit s’en occuper. C’est ce que n’a fait aucun membre du gouvernement depuis six semaines. Ce matin, les onze ministres que nous avons l’avantage de payer pour ne rien faire depuis six semaines, doivent sc réunir en conseil de cabinet, sous la présidence de M. Jules Ferry, à l’hôtel du ministère des affaires étrangères, quai a’Orsay. Qu’ont pu décider ces onze pères cons crits, puisque le président de la Répu blique, M. Jules Grévy, dont la signa ture au moins est nécessaire pour les grandes déterminations était absent. On dit qu’il rentrera à Paris plus tôt qu’il ne l’avait dit et que samedi prochain, 4 octobre, il assistera aux délibérations d’un important conseil des ministres. Nos gouvernants en prennent bien à leur aise. On ruine des Français en Egypte ; on tue des Français au Tonkin; on sc concerte à Skierniewice contre notre influence, si ce n’est contre notre indépendance ; on s’efforce à Berlin de brouiller Paris avec Londres : on meurt de faim à Lyon, on mourra bientôt de faim à Paris et ailleurs ; un débat très grave s’établit entre les éleveurs de bé tail et les producteurs de blé et les con sommateurs qui redoutent l’élévation du prix de la viande et du pain, à l'heure même où le travail industriel et com mercial se ralentit. Au milieu de toutes ces difficultés, de toutes ces préoccupations, qu’a fait le gouvernement? lia fait de la villégia ture. Comme c’est consolant et rassu rant pour les intérêts en souffrance. Si le gouvernement est sans cœur, sans entrailles, sans sympathie pour ces intérêts, il aurait dû songer au moins aux questions de politique générale. Or, M. Jules Ferry a fait voter une révision ridicule des lois constitution nelles, uniquement pour faire exclure les princes d’Orléans de la présidence de la République. La Bible dit que Dieu, après la créa tion, s’est reposé le septième jour. M. Jules Ferry se serait-il imaginé qu’il devait, lui aussi, se reposer après la révision des lois constitutionnelles, qui est de son invention. Les princes d’Orléans ne pourront pas, d’après cette révision, être élus prési dents de la République. Cela ne tire pas à conséquence. Si cette crainte pouvait seule troubler le sommeil de M. Jules Ferry, il aurait dû dormir tranquille. Mais il n’a pas dit toute sa pensée. M. Jules Ferry ne veut pas seulement que M. le duc d’Aumale qui, certes n’y pense guère, puisse devenir président de la République, il veut encore, il veut surtout que M. Jules Grévy ne soit pas réélu, il veut le remplacer à l’Elvsée. Là est pour lui la question. Nons l’avons dit, qui élira le président de la République le 80 janvier 1880? Lu Sénat de 1885, la Chambre de 1885. 0.*, il y a un double projet de réforme des lois électorales, sénatoriale et légis lative. déposés ou proposés et, en outre, le vole forcé du budget et la création d’une armée coloniale qui constituent le programme obligatoire de la session extraordinaire de 1884. C’est quelque chose, il nous semble, qu’une réforme de la loi électorale séna...

À propos

Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.

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