Extrait du journal
Autrefois, c’était sur le chemin de Damas que les illusions s’évanouissaient. C’est, actuellement, sur la route du pou voir que les utopies sc dissipent. Il n’y a rien, semble-t-il, comme un portefeuille, pour dessiller les yeux des plus aveugles, pour rendre sages les plus imprévoyants» De nombreux exemples viendraient à l'appui de cette thèse. Mais, en est-il de plus frappant que la conversion de M. Yves Guyot, devenu ministre, aux saines idées de l’économie politique. A peine en pouvions-nous croire nos yeux, lorsque nous lisions le discours que l’ancien conseiller municipal de Paris vient de prononcer devant l’Union des chambres syndicales de l’industrie et du bâtiment. Quelles sages paroles ! Quels excellents conseils ! Et comme nous sommes loin des théories d'autre fois! Lisez plutôt ces lignes. Ne les dirait-on pas tirées du décaloguc de l'économie politique : « Je repousse l’intervention de l’Etat ou de la commune, dans le contrat de travail. « Il est facile de croire qu’en insérant deux lignes au Bulletin des lois, ou dans^ une délibération municipale, on pourra modifier les conditions de l’offre et de la demande : rien de plus faux. «« On peut leurrer les travailleurs de chimériques espoirs, en leur disant qu’on va fixer un minimum du prix de travail et déterminer un maximum d’heures. « En théorie, on peut dire tout cela à la tribune, écrire cela sur le papier, mais il y a quelque chose d’important qu’on ne peut pas y ajouter au bout, c’est la garantie de travail pour ceux dont on prétend défendre ainsi les intérêts. « Et si vous établissez des prix qui res treignent les travaux publics ou privés, vous jetez sur le pavé des ouvriers, des travailleurs qui auraient été employés à l’exécution de ccs travaux, si vous n’a viez pas empêché de les entreprendre par des mesures prétendues protectri ces. « Ceux qui prétendent protéger les tra vailleurs, ceux qui prétendent surtout protéger les plus faibles, n’aiment qu’à leur enlever du travail, c’est-à-dire le morceau de pain de la bouche. « Je considère que le Conseil munici pal de Paris a suivi la voie la plus fausse et qu'il s’est engagé dans les plus détes tables errements lorsqu'il a voulu inter venir dans le contrat de travail entre en trepreneurs et ouvriers. « Il est certainement toujours facile de faire de la générosité avec l’argent des autres et, gouvernants ou conseillers municipaux, c’est toujours avec l’argent des autres que nous faisons des généro sités. « Mais quels sont les autres? Ce sont les contribuables, c’est-à-dirc tout le monde. Eh bien les contribuables ont un droit avant tout, c’est d’obtenir que l’ar gent qu’ils versent au Trésor leur pro cure le maximum d’effet utile. « Les lois implacables de l’économie politique, aussi implacables que la loi de la pesanteur, qui fait tomber sur la tête des passants les tuiles mal attachées, ces lois ne peuvent être modifiées que par les rapports individuels, personnels, d’employeurs à employés, de patrons à ouvriers. » Ccs aphorismes, détachés par nous, sont la raison même et attestent un re tour complet. M. Yves Guyot est arrivé et les lambris dorés du ministère ont exercé sur lui comme sur tant d’autres leur salutaire influence. Tant mieux ! Nous ne nous plaindrons jamais lorsque...
À propos
Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.
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