Extrait du journal

Nous ne tarderons pas sans doute à voir publier bientôt d'abondants récits de correspondants de guerre sur la campagne qui vient h avoir lieu dans les Balkans, et ces récits seront suivis — peut-être même précédés — d’historiques complets des opérations. Stratèges et tacticiens ne manqueront pas d échafauder aussitôt sur ces données des enseignements; nous avons vu déjà le fait se produire immédiatement après la guerre du Transwaal et celle de Mandchourine. Or, que vaudront les témoignages de ces prétendus témoins oculaires ? Rien, ou à peu près rien. Nous savons que ces correspondants ont été relégués très loin en arrière du front, qu’ils n’ont connu des opérations que les événements d’ensemble qu’on a bien voulu leur communiquer et que l’on a plus ou moins dénaturés. Certains d’entre eux même n’ont pas quitté le voisinage des bureaux de leur journal et lui ont adressé des rapports faits entièrement de chic. On croyait jusqu’à présent qu’un seul, le lieutenant allemand Wagner, avait réussi à tromper la surveillance dont on l’entourait et avait pu accéder jusqu’aux premières lignes des combattants. Il faut en rabattre. Voici qu’un journal autrichien nous apprend que tous les rapports de ce correspondant de guerre sont truqués comme les autres ! A qui donc se fier pour avoir des notions précises sur ce qui vient de se passer dans les Balkans ? La réponse est simple : à personne, pour le moment. Il faut attendre que les documents officiels soient publiés et que les acteurs du drame aient parlé....