Extrait du journal
étant morte sans lui laisser autre chose que des directions pratiques à l’usage d’une jeune fille sans fortune. Son projet à elle, beaucoup moins brillant que celui de son amie, était donc de partir pour l’Amérique à la fin de l’an née ; les choses étaient signées, et sa visite au château de Méval était un adieu à Irène, à la France. Elle racontait cela du ton résigné d’I phigénie disant les vers de Racine avant de monter sur le bûcher; mais dans ses yeux une flamme, mal éteinte par l’abaissementdes longs cils, et dans tout le corps des frémissements qui avaient de la peine à rester invisibles, pro testaient contre cette apparente douceur de vic time. C’était Irène seule qui pleurait. La cloche sonna pour le dîner. Adrienne fut très brillante et charma le comte et la comtesse de Méval par son esprit, par son entrain au tant que par sa beauté. Irène, songeuse, la re gardait sans parler ; cette liberté de tête, après les communications de l’heure précédente, la remplissant d’étonnement et d’admiration. Pendant les jours qui suivirent, Adrienne acheva de faire la conquête du château. Le comte de Méval surtout était sous le charme; la comtesse, plus réservée dans sa bienveil lance, s’étonnait sans le dire, s’inquiétait même quelque peu de l’esprit de résolution, du caractère hardi qu’elle découvrait chez une si jeune fille, malgré le soin avec lequel ces échappées de nature étaient aussitôt voilées de douceur et de grâce féminine. Mlle Farcot, en effet, avait vite deviné cette impression et se retenait de manière à ne laisser voir chez elle que ce qui devait plaire à tout le monde, l’af fection, la joie du bon accueil, et même un peu de mélancolie, comme il convenait à sa situa tion. Le vicomte de Valbrenne arriva la semaine suivante. Il sauta d’une Victoria légère, attelée d’un cheval de prix, et reçu sur la terrasse du château par toute la famille, il alla de la com tesse au comte, puis à Irène avec l’aisance, la bonne grâce, l’air riant et heureux qui lui assuraient partout la bienvenue. Il s’arrêta ensuite un peu surpris, regardant Adrienne qu’il ne connaissait pas et qu’il ne s’attendait pas à trouver au château. La comtesse le pré senta ; il s’inclina devant la jeune fille dans ce silence admiratif qui est le plus aimable des compliments. Mlle Farcot salua avec la gravité nécessaire, et son regard aussitôt porta à Irène des félicitations. Après les paroles d’arrivée, M. de Méval conduisit le jeune homme dans l’appartement qui avait été préparé pour lui et qui se trou...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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