Extrait du journal
— Je venais, balbutia-t-il, je venais... pour mon filleul. Il était tout honteux. Oœ eût dit qu’il allait de mander pardon du sa hardiesse. — Tu voudrais le voir? lui demanda Frédéric à voix basse, comme pour lui faire une proposi tion confidentielle, avec la certitude d’avoir compris le sentiment doux et triste qui remuait le cœur de cet aïeul abandonné. — Non, non... je venais seulement pour de mander... — Ainsi, tu ne veux pas le voir ? — Non... oui... Ce serait peut-être trop de dé rangement... à cette heure... — Allons, conclut Frédéric en le prenant par la main comme un enfant. Viens le voir. Nous rentrâmes. Nous montâmes jusqu’à la chambre de la nourrice. Ma mère y était. Elle sourit à Jean avec bon té. Elle nous fit signe de ne pas faire de bruit. — Il dort, dit-elle. Et, se tournant vers moi, elle ajouta avec in quiétude : — Aujourd’hui, dans la soirée, il a toussé un peu. Cette nouvelle me troubla, et mon trouble fut si manifeste que, pour me rassurer, ma mère crut devoir ajouter : — Très peu, tu sais ; à peine, à peine: une af faire de rien. Déjà Frédéric et le vieillard s’étaient appro chés du berceau, et, à la lumière de la lampe, ils regardaient le petit dormeur. Le vieillard s’é tait penché, et rien à l’entour n’égalait la blan cheur de ses cheveux. — Embrasse-le, chuchota Frédéric. II se releva', regarda ma mère, me regarda d’un air irrésolu ; puis il se passa la main sur la bouche, sur le menton, où la barbe n’était pas rasée de frais. Et, tout bas, il dit à mon frère, avec qui il était moins gêné : — Si je l’embrasse, ma barbe le piquera, et il se réveillera certainement. Mon frère, voyant que le pauvre vieux dé laissé mourait d’envie d’embrasser le bébé, l’en couragea d’un geste. Et alors cette grosse tête chenue se pencha sur le berceau, doucement, doucement, doucement....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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