Extrait du journal
varié. Sur le point de la réintégration, M. Clemenceau n’a pas non plus obtenu que violence fût faite au droit de la compagnie et, en vérité, personne ne lui pouvait faire cette violence. Elle reprendra ceux qu’elle voudra, reprendre et laissera les autres. Quant au maintien du directeur, M. Hum blot, il n’en a pas même été question, tant il est vrai que les ouvriers ne réclamaient plus son départ. Quel a été donc le but des trois députés radicaux? Quelle a été leur tactique? Il s’a gissait pour eux, pour l’intérêt politique de leur parti, d’avoir l’air et de se donner les gants, auprès des ouvriers, d’avoir arraché au gouvernement ce qui était accordé en fait dès le premier jour. Ils ont feint de dé chirer avec colère la sentence arbitrale pour en ramasser ensuite les morceaux et la représenter aux mineurs, quelques jours après, comme leur œuvre et leur conquête. Nous ne nions pas que la manœuvre ait été habilement exécutée. Mais nous ne voyons pas quel bénéfice leur clientèle en a. tiré. S’ils avaient, en effet, dès le premier jour, tenu la conduite et fait entendre le langage qu’ils ont eus hier à Carmaux, ils auraient remporté un double avantage: d’abord, d’abréger cette grève d’au moins dix jours et d’en atténuer d’au tant les tristes conséquences ; ensuite, de ne pas porter une atteinte peut-être mortelle au prestige et à l’efficacité de l’arbitrage en matière de grève. CE ; :— Tout lo monde a été frappé, et depuis longtemps, de l’état déplorable où se trouve l’une des voies les plus fréquentées de Paris, nous voulons dire l’ave nue du Bois-de-Boulognc. Quatre conseillers muni cipaux, dont deux républicains et deux conserva^ teurs, ont interrogé hier le directeur administratif des travaux sur cette situation quelque peu hon teuse. Naturellement quelques conseillers radicauxsocialistes ont protesté en déclarant que la question intéressait seulement les gens qui vont en voiture. C’est un sophisme qui dénote, une fois de plus, l’é troitesse d’esprit de certains membres de cette as semblée et leur incompréhension des intérêts bien entendus de la classe ouvrière elle-même. Comment ne voient-ils pas que la prospérité do Paris tient surtout à ce que Paris est la capitale par excëllenco de l’élégance et du luxe. C’est cette renommée qui attire de toutes les parties du monde les gens heu reux dont lo plus vif désir est de dépenser . chez nous la fortune qu’ils ont gagnée chez eux. Ils viennent répandre sur nous la rosée bienfaisante qui fait la richesse de toutes nos industries de luxe et l’aisance do notre population ouvrière. Partout ailleurs, à l’étranger et même en France, les municipalités les accablent de prévenances, afin de les retenir. Ici, chaque fois qu’il s’agit de donner satisfaction à leurs besoins et à leurs goûts, on soulève une véritable insurrection parmi les représentants de la classo qui profite lo plus de leur présence par les salaires qu’elle en tire. Pour quoi ne demandent-ils pas aussi la suppression des Champs-Elysées et du bois de Boulogne ? Ce serait encore plus radical et plus socialiste I Nous croyons mieux entendre les intérêts des travailleurs parisiens en nous associant aux plain tes des interpellateurs ; on leur a promis de leur donner satisfaction... l’an prochain, en sorte que cette avenue et quelques autres, sans doute, seront abandonnées à elles-mêmes dans la saison môme où elles se détériorent le plus facilement. Nous n’ajouterons qu’un mot : si le dernier des chemins vicinaux, dans le plus pauvre des départe ments, était dans l’état où l’on voit l’avenue du Bois-de-Boulogne, le conseiller général qui l’aurait permis ne trouverait pas d’électeurs pour le main tenir en fonctions. — :—-♦ NOTRE ARTILLERIE Le ministre de la guerre et le ministre de la ma rine vont soumettre au Parlement deux projets ten dant à augmenter ou renforcer notre artillerie ; M. de Freycinet, par sa loi des cadres; M. Burdeau, par lo dédoublement du régiment, d’artillerie de la marine. Ces projets n’ont aucun lien entre eux. On doit le regretter. Peut-être l’occasion était-elle excellente pour faire disparaître de notre organisation mili taire des anomalies dangereuses. On aurait pu, par exemple, trancher la grave question de la dé fense des côtes en remettant à l’artillerie de marine l’armement des forts et batteries ayant vue sur la mer et détenus par l’artillerie de terre. • Pour tirer sur un but essentiellement mobile, comme un navire en marche, pour distinguer, par ses formes, l’armement et lo degré do protection de ce navire, il faut des canonniers familiers avec les choses de la marine. Par l’organisation actuelle, le commandement d’un fort, en temps de guerre, peut incomber à un officier venant de Bourges, de Tulle ou de Tarbes, connaissant la marine par ouïdire. Les canonniers envoyés des bataillons de for teresse peuvent n’avoir jamais tiré sur un but mo bile ou flottant. En outre, la guerre, pour son matériel de défense dos côtes, a un type de canons et do projectiles ; la marine, chargée de défendre les ouvrages voisins, a d’autres types. II aurait été facile de faire cesser cette situation en consacrant uniquement l’artillerie de terre à la défense terrestre et en créant, pour les ouvrages de côtes, des bataillons d’artillerie de for teresse relevant de la marine analogues aux batail...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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