Extrait du journal
La Chambre, après une discussion qui a rempli toute la séance, a voté hier, à la majorité de 395 voix contre 49, les crédits extraordinaires demandés pour les deux expéditions du Sahara oranais et de la Tunisie. La discussion a été mi-partie politique, mi-partie financière. En tant que finance, le chiffre des crédits n'était pas contesté, mais seulement leur mode d'inscription et leur place dans le budget. Sur la proposition de M. Langlois, le mode adopté par le gouvernement a été substitué à celui que demandait la commission. La discussion politique a porté sur la question du maintien ou de l'abandon du protectorat français en Tunisie. M. Camille Pelletan concluait à une renonciation au protectorat, renonciation non pas immédiate, mais à opérer dès que faire se pourra. M. le président du conseil a soutenu au contraire, à plusieurs reprises et avec une grande fermeté, le maintien du protectorat. Ce régime, qui est fondé sur le traité de Kassar-Saïd, a été accepté par la législature précédente, lorsqu'elle a autorise le gouvernement à ratifier le traité. Il a été ensuite confirmé par la Chambre actuelle, lors du vote de l'ordre du jour Gambetta, qui exprimait la volonté d'exécuter le traité du Kassar-Saïd. Quoique le vote d'hier ne porte, dans la forme, que sur des crédits, on peut le considérer, après les déclarations faites en séance par M. le président du conseil, comme un. nouvel acte d'approbation du protectorat. Ajoutons que M. Gambetta s'est engagé à réduire à leur minimum les charges que le protectorat impose à la France, et à développer les ressources de la Tunisie par une réforme administrative et financière dont le plan sera soumis aux Chambres. C'est là, en effet, le double but à poursuivre, et, à notre avis, il peut être atteint. L'organisation à la française de l'armée tunisienne permettra de réduire l'armée d'occupation dans des proportions telles que l'augmentation de l'effectif normal en Afrique soit plus que compensé par la sécurité de l'Algérie. D'autre part, la Tunisie peut se suffire à elle-même, à la condition d'une réforme administrative qui ne permette plus aux recettes de « s'évaporer », comme l'a dit M. Gambetta, dans le voyage qu'elles font du contribuable jusqu'au Trésor de Tunis. Avec ce qui s'évapore ainsi, on entretiendrait une armée....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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