Extrait du journal
Le Sénat était appelé hier à renouveler, sa commission des finances. Quel jugement allait-il porter sur le projet de budget de 1910 ? La. discussion qui a eu lieu dans les bureaux a eu vite fait de montrer.si l'opmion des mem bres de la haute Assemblée différé de celle qui s’est manifestée à la Chambre. — Les critiques principales ont ete les memes : le projet ne présente qu’un releve incomplet des dépenses promises à l'exercice 1910 ; les crédite éliminés arbitrairement reparaîtront sous forme de crédits supplémentaires ; la sincérité budgétaire, plus que jamais utile cependant, si des degrés peuvent se concevoir en pareille matière, n’a pas été observée. Quant aux moyens employés pour établir l’équilibre, ils ont paru au Sénat, comme ils avaient sem blé à la Chambre, inacceptables. On peut les ranger en trois groupes : des ajournements factices de dépenses^ des impôts nouveaux, des emprunts. Sur le premier de ces moyens, la lumière est faite. Sur le deuxième, les oppositions, bien que très vives, ont été mitigées par cèttè re marque : le Sénat sera invité à se prononcer seulement sur les impôts que la Chambre aura votés; or, celle-ci ne paraît guère disposée à ratifier les taxes que le ministre des finances propose. A quoi bon, dès lors, insister ? Notons, toutefois, que l’impôt projeté sur les succes sions s’est vu plus particulièrement attaqué. M. Ribot a fait justice du sophisme à l’aide duquel, comparant le produit des droite en Angleterre et en France, on prétend toute natu relle une aggravation des tarifs français.. Ce rapprochement n’a qu’un tort : il ne tient pas compte de la' différence des capitaux, mis en parallèle. « Quel serait, le résultat de l'appli cation de l’impôt anglais aux successions fran çaises ? » L’administration des finances a dû se poser oette question. Les résultats de son travail intéresseraient le Parlement Ils ne fortifient point le projet. Quant aux emprunts, suprême ressource, deux avis ont été exposés. Un budget doit être une œuvre sérieuse, sauvegardant le présent et préparant l’avenir ; sans un budget en équi libre réel, il n’est point de sécurité pour un pays. C’est la doctrine qu’a soutenue notam ment M. Raymond Poincaré. Pour n’avoir pas voulu, il y a quelques années, faire l’effort nécessaire et mettre loyalement le pays en face de la vérité,’on a laissé s’accumuler les fautes et s’aggraver 1a situation. La loi de finances proposée pour l’exercice 1910 crée 148,800,000 francs d’emprunts en obligations à court terme du Trésor. Sur oette somme, plus de 82 millions sont destinés à des dépenses budgétaires. Renoncer à l’équilibre régulier du budget, c’est trahir l’intérêt national. « Le Sénat ne doit pas perdre de vue, a dit M. Ray mond Poincaré, que le budget équilibré est la condition essentielle non seulement du crédit public, non seulement de la force militaire de la nation, mais encore des réforme® sociales auxquelles le Parlement doit s’efforcer de col laborer. » Mais, d’autre part, une thèse s’est produite, qui peut se résumer ainsi : le déficit actuel est tel, les dépenses de l’exercice 1910 et de l’exercice 1911 s’annoncent si formidables, que si des réductions sont impossibles pour assu rer l’équilibre du prochain budget, le mieux serait de « boucler le budget actuel par des obligations sexeonaires et de se livrer, dès maintenant, des études et à des expériences de nature à préparer les matières imposables...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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