Extrait du journal

L’Alliance française célébrait hier, avec un légitime orgueil, sous la présidence de M. Emile Loubet, le vingt-cinquième anniversaire de sa fondation. Cette œuvre, que M. Pierre Foncin, inspecteur général de l’instruction publique, dirige avec tant d’activité et de dévouement, est l’une des plus utiles, des plus nobles, des plus patriotiques qui soient à notre époque. Elle compte cinquante mille adhérents ; mais tous les Français devraient y adhérer 1 II n’est pas un de nous, commerçants, industriels, employés, ouvriers, aussi bien qu’artistes, professeurs; hommes politiques ou gens de lettres, qui ne doive s’intéresser au rayonnement de la langue française, qui n’ait à en tirer un.bénéfice direct ou indirect en même temps qu’une satisfaction morale. Quiconque parle français, dans le vaste monde, est naturellement porté à subir l’in fluence française sous toutes ses formes, à devenir un client de l’industrie française aussi bien que de l’art français. Travailler à l’expan sion de notre langue est le meilleur moyen de servir la grandeur et la prospérité de notre pays. ' C’est ce que M. Paul Deschanel a montré avec beaucoup de vigueur et d'éclat dans le remar quable discours qu’il a prononcé hier à la séance solennelle tenue en Sorbonne. M. Paul Des chanel, qui se faisait également applaudir, l’autre jour, au banquet de l’Association des étudiants, excelle dans ce genre d’éloquence, intermédiaire entre Je genre parlementaire et le genre académique, qui exige beaucoup de tact, de.civisme et.de style. Il est en voie de prendre la place laissée vacante par Jules Sfmon, qui triompha de longues années dans tant de banquets et de cérémonies. Un caractère essentiel de l’Alliance française, sur lequel M. Paul Deschanel a justement in sisté, c’est qu’on n’y fait point de politique. Ce n’est pas à dire que la politique ait le droit d’ignorer l’Alliance française. Une sage politi que est la base nécessaire de toute entreprise nationale. La puissance politique de la France contribua efficacement, avec le génie de nos...