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Le Temps, 4 juin 1909

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Le Temps
4 juin 1909


Extrait du journal

On a lu hier dans le Petit Temps la lettre par la quelle le comité d’administration fia « syndicat » des posfiers a refusé de se rendre à la convocation qu’il avait reçue, sur les instructions données .par le pro cureur de la République. Le parquet désirait savoir si,l’illégalité du syndicat officiellement signalée aux ; adhérents, ceux-ci consentiraient à en prononcer spontanément la dissolution, dans le délai de quinze jours qui leur était fixé. Le voilà pleinement éclairé. Les postiers syndiqués, avec une ironie qui n’est pas sans saveur, font observer au procureur de la République qu’il était sans qualité pour trancher. seul cette question de légalité. Il n’avait qu’un droit, s’il estimait la constitution du syndicat illicite, c’é tait de déférer au tribunal correctionnel les direc- ' teurs ou administrateurs du groupement, et de requérir contre eux l’application des sanctions con tenues dans l’article 9 de la loi de 1884. C’est devant ce tribunal que les signataires, de la lettre deman dent à aller pour faire juger le point de droit en discussion.. On ne peut contester la vérité juridique do la dis tinction qui a dicté aux postiers syndiqués cette ré ponse à la convocation. Ils veulent avoir affaire aux juges correctionnels seuls, et c'est certainement leur droit. Reste à savoir s’ils auront lieu de se ré jouir d’avoir marqué cette préférence. Or, ou nous nous trompons fort, ou ils pourront avant peu dé chanter; car il n’y a guère apparence que leurs prétentions soient admisés. Il faudrait pour cela un revirement total de jurisprudence que rien n’autorise à prévoir. Quoi qu’il en soit, il est bon que la question soit élucidée une fois pour toutes. Et nous ne saurions, quant à nous, trop nous féliciter que l’obstination des postiers syndiqués nous achemine vers latin d’une équivoque que la faiblesse gouvernementale avait créée et qui devrait être depuis longtemps dis sipée. La lettre des postiers a d’ailleurs un autre, résul- . tat, — celui-ci immédiat, — c’est de montrer que le3 ménagements ne servent à rien quand on se trouve en face de « syndicalistes » purs. Toute con cession, même simplement apparente, n’a pour effet...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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