Extrait du journal

M. Thiers a envoyé hier son premier message à l'Assemblée. Bien que le chef du gouvernement n'y ait eu pour but que de remercier la Chambre de l'honneur qu'elle vient de lui faire et du nouveau témoignage de confiance qu'elle lui a donné, cette communication n'en est pas moins importante. Elle fait, pour ainsi dire, toucher du doigt le changement considérable que le vote d'avant- hier a apporté dans les rapports du pouvoir exécutif avec l'Assemblée; les termes dont M., Thiers s'est servi pour caractérieer sa nouvelle situation, qu'il a appelée « la première magistrature de la République, ont aus;i leur signification. Le nouveau président ajoute dans ce document qu'il s'efforcera, de concert avec la représentation nationale, de panser lés plaies du pays, de le pacifier au dedans et au dehors, de le rendre bien ordouné, de l'affranchir le plus promptement possible de l'occupation allemandes. dé lui ménager la considération, et s'il se peut, l'affection des nations des deux mondes; il exprime en terminant 'espoir que les efforts des deux pouvoirs unis dans cette pensée seront couronnés d'assez de succès pour leur permettre, à l'expiration de leur mandat, de se présenter sans crainte devant la France, à qui ils sont tenus de rendre intact le précieux dépôt qui leur a été confié. C'est là un langage honnête et patriotique, qui ne peut manquer de produire la meilleure impression dans le pays. Il paraîtrait que quand M. Thiers a parlé de la première magistrature delà République, il y a eu une légère émotion sur les bancs de l'extrême droite mais l'ensemble a été salué par de vifs et nombreux applaudissements....