Extrait du journal

— Faut-il y aller tout de suite? — Oui. — Je suis prêt. — Alors viens. Et toi aussi, petite. — Comment? fit la boiteuse, surprise. — Elle veut te parler à toi aussi. Bruno, inquiet, regarda l’Ours. Us se mirent en marche tous les trois. Un quart d’heure après ils entraient dans la mai son du garde. — Merci, Jean, dit Catherine, merci de me les avoir amenés ; et vous, mes amis, merci d’être venus. — Je peux m’en aller, à cette heure ? demanda l’Ours. — Oui, je pense, répondit la veuve. — Alors, adieu tous ! — Adieu ! Le bûcheron ouvrit la porte. Sidonie et Bruno le regardaient partir anxieusement. L’espèce d’appareil avec lequel on venait de les mener là les troublait. Catherine les pria de s’asseoir en face d’elle. Ce n’était plus la charmante et gracieuse fem me de l’été précédent. Deux jours avaient suffi pour que le chagrin, la honte, le remords, en fissent une femme au teint mat et pâle à ja mais comme celui des orphelines que le pin ceau du maître J.-J. Henner seul sait peindre de notre temps. Ses yeux, restés secs pendant les heures des plus redoutables épreuves, avaient pleuré des torrents de larmes depuis le dénouement que l’on sait. Elle tendit la main à la Torte. — Tu aimes bien Bruno, ma pauvre petite amie ? lui dit-elle. L'accent douloureux de Catherine et le ton dont elle parla lui gagnèrent du premier coup la confiance de Sidonie. — Oh 1 oui, répondit cette dernière avec une candide ferveur. — Eh bien, mes enfants, il faut vous marier ensemble, et le plus tôt possible s’il n’y a per sonne qui s’y oppose. j Bruno s’était levé assez brusquement. j...