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Le Temps, 4 octobre 1900

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Le Temps
4 octobre 1900


Extrait du journal

nourrisson de cinq mots, a voulu passer la nuit dans y la cour, & la belle étoile, pour être à portée de ses autres enfants. Ainsi s’est passée cette première nEîippur ces pauvres gens, sans;_feu ni lieu. Quelle humiliation pour notre état social! Que cet ouvrier gagnant cinq francs par jour avec onze bouches, à nourrir fût en retard d’un terme et demi de son loyer, ce n’est pas étonnant ; ce qui l’est, c’e st qu’il ait pu durant l’année payer les autres termes. D’autre part, nous no contesterons pas que la propriétaire no fût en droit d’exiger son argent, ni que le juge ne fût tenu de lui donner raison, ni que le commissaire n’eût l’obligation d’exécuter lo mandat qu’il avait reçu. Chacun de ces personnages peut dire qu’il est resté dans les limites du droit léI gai. Mais n’est-co pas le cas de répéter : Summum. I jus, summa injuriai Est-il juste de s’en tenir à la lettre abstraite de la loi, sans tenir aucun compte des circonstances de la cause? A supposer que les parents fussent des cri minels — ce qu’ils ne sont pas, nous le savons de science certainedevrait-il être permis do jeter neuf enfants dans la rue sans se préoccuper autre ment de ce qu’ils vont devenir ? Pendant ce temps, nous lisons, qu’une adjudication va se faire pour la confortable prison de Fresnes, de 50,000 kilos de fi let de bœuf et gigot, de 45,000 litres de vin, de 105 kilos do caramels et autres douceurs; n’est-ce pas à faire croire et dire qu’en France il vaut mieux être un malfaiteur qu’un père chargé de famille ? Il y a ici un vice ou une lacune qu’il faut dénoncer, une fois de plus : c’est le manque de liaison et de co hérence, pour les cas do ce genre, entre la police et l’assistance publique. Que la première soit obligée d’exécuter les jugements d’expulsion, nous n’y con tredisons pas. Mais, puisqu’elle ramasse les vagabonds> qui dorment sur les bancs, comment ne se préoccupe-t-elle pas d’une famille entière qu’elle •jette sur le pavé par une nuit pluvieuse et froide? Comment n’est-elle pas tenue d’avertir aussitôt, du moins, l’assistance publique, dont le devoir serait ; da/parer provisoirement à de telles détresses? Nous constatons, hélas 1 une fois de plus, l’absence de toute organisation de l’assistance, soit privée, soit publique, à Paris. En attendant, voici la mauvaise saison qui com mence et, avec elle, la misère et les souffrances des ; malheureux, surtout des familles nombreuses. Nous faisons ici un appel à nos lecteurs qui nous ont 'donné si souvent des preuves de leur générosité. La connaissance des détresses de certains ménages ouvriers dignes d’intérét nous, arrivo plus facile ment qu’à eux. Nous leur serons reconnaissants s’ils veulent une fois de plus nous prendre pour instru ments de leurs intentions et' nous permettre de faire arriver à la bonne adresse les secours qu’ils no refusent jamais aux malheureux....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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