Extrait du journal
moi, ce soir. Je tiens beaucoup, pour le juger, à le voir un moment à votre cou. La lueur cen drée de ces perles ira mieux que des diamants à vos beaux cheveux cendrés. Laissez-moi vous mettre en harmonie avec vous-même. Vous se rez délicieuse. — A la bonne heure ainsi ! dit-elle. Elle prit l’écrin et regarda le eollier. — Très beau, très beau. Vous tenez beau coup à ce que je le porte ce soir ? — Je vous en prie. — SoitI à la condition que je-le rendrai en suite. Vous saurez, monsieur, que je n’aime pas les chaînes. — J’ai pris mon parti, comtesse, de l’affran chissement de mes esclaves. Elle se mit à rire. — Mon mari est moins philosophe, dit-elle : on parle d’affranchir aussi les nôtres, et il en maugrée d’avance. Elle tendit sur ses dix doigts ouverts le triple rang de perles. — Je crois en effet qu’il m’ira, votre collier. Eh bien, à ce soir. Et maintenant allez-vous en. Laissez-moi me mettre sous les armes. Le soir venu, l’ambassade d’Autriche étince lait. Les équipages, arrivant de toutes parts dans la-rue de Varenne, déposaient devant le perron de l’hôtel les riches toilettes et les uniformes. Debout dans le premier salon, l’ambassadeur et l’ambassadrice accueillaient leurs invités avec des paroles charmantes pour tous, des paroles allemandes plus familières pour leurs compa triotes, très nombreux à Paris. Bientôt, toutes les salles furent pleines, et la musique donna le signal des danses. . Adossé, comme à l’ambassade d’Angleterre, à la cheminée du salon le plus recherché par la partie jeune et brillante de rassemblée, M. de Nordat regardait par dessus les quadrilles ou les valses la porte par laquelle arrivaient tardi- ; vement celles qui calculaient savamment leur entrée, les plus belles ou les plus coquettes. La comtesse Ladowiw n’avait pas encore paru. Il la vit.enfin s’avancer au bras de l'ambassadeur et faire avec lui le tour du_ salon, au milieu de l’attention générale, coiffée à ravir, délicieuse ment blanche et jolie dans sa robe de satin à longue traîne. Elle ne portait qu’un seul bijou : le collier de perles qu’elle avait promis d’essayer....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - labouchère
- ranc
- gladstone
- carnot
- sauton
- monteil
- binger
- crispi
- aubin
- colajanni
- france
- paris
- rome
- berlin
- allemagne
- angleterre
- alsace-lorraine
- lemberg
- bretagne
- egypte
- la république
- union postale
- parlement
- conservatoire
- jeunes femmes
- foreign office