Extrait du journal
Le Journal officiel vient de publier le relevé des achats de rentes effectués, lo mois dernier, par la Caisse des dépôts et consignations pour lo compte dès caisses d’épargne. Peu de statistiques pique raient sans doute, en ce moment, à un degré égal, la curiosité publique. On ne peut manquer, tout d’abord, de se deman der si la campagne entreprise contre les caisses d’é pargne n’a pas eu pour effet de provoquer des re traits considérables. Il est assez difficile de répon-. dre, d’une manière certaine, à cette question, étant donnéo la complexité des raisons qui peuvent dé terminer les déposants. On est bien forcé de recon naître, toutefois, que le mois de janvier a laissé beaucoup à désirer au point de vue du développe ment des versements. Le Journal officiel n’a fait connaître, jusqu’à présent, que les résultats obte nus par les caisses d’épargne privées ; ils sont fort simples : les retraits l’ont emporté de 28 millions 1/2 sur les dépôts. Une variation analogue s’est-elle produite à la Caisse nationale d’épargne? 11 sera intéressant de le rechercher. Mais, d’ores et déjà, on constate que, pour les caisses privées, le mois de janvier n’a pas été très brillant. Comment donc peut-il être ques tion de placements en rentes effectués par la Caisse des dépôts et consignations? Des réalisations de portefeuilles n’auraient-olles pas dû, au contraire, être opérées? Les achats de rentes ont continué, ce pendant, et ils ont été assez importants. La Caisse des dépôts et consignations a employé 8,318,266 francs provenant des caisses d’épargne privées et 12,042,565 francs résultant des capitaux appartenant à la Caisse nationale d’épargne. De ce double chef, le marché financier a reçu une somme totale de 20,360,031 francs ; comment ce fait est-il conciliable avec les retraits que les caisses ont subis? . L’explication est des plus simples, et, maintes fois déjà, nous l’avons donnéo. A maintes reprises nous avons fait remarquer que la Caisse des dépôts et consignations aurait, môme en cas do retraits inu sités, non seulement toutes les ressources voulues pour y faire face, mais encore, selon toute vraisem blance, un excédent de rentrées. Il ne faut pas per dre de vue, en effet, que lo portefeuille possédé par la Caisse des dépôts et consignations, c’est-à-dire l’ensemble des valeurs achetées par elle pour em ployer l’argent des caisses d’épargne, est productif d’intérêts. Par suite, des sommes très élevées no cessent pas d’être touchées, même quand les verse ments nouveaux du public s’arrêtent. Ainsi, au 31 décembre 1892, le montant total des capitaux des caisses d’épargne atteignait non loin de 4 milliards. Exactement, il était de 3,818,311,827 francs. Avec un rendement moyen de 3 1/2 0/0, cette somme implique un intérêt de plus de 133 mil lions 1 /2. Il faudrait donc, en 1893, que les retraits excédassent d’au moins cette somme les dépôts nouveaux, pour que la Caisse des dépôts et consi gnations dût cesser ses achats de rentes. On n’en est pas là. On doit s’attendre, plutôt, à une reprise prochaine des versements. Bien que la plupart des caisses d’épargne privées aient réduit le taux de leur intérêt et bien que là Caisse nationale d’épargne ait abaissé le sien à 2 75 0/0, la rémuné ration offerte à l’épargne est encore assez tentante pour assurer à ces institutions le recrutement d’une clientèle incessamment élargie. Il serait même à souhaiter que l’intérêt alloué fût plus faible, de fa çon à détourner autant que possible des caisses d’é pargne les capitaux de placement proprement dits. Les caisses d’épargne sont faites pour créer des ca pitaux par l’accumulation lente des épargnes ; elles n’ont pas pour but de fournir aux capitaux déjà constitués un placement sûr et rémunérateur. Pour les capitaux qui, tout formés, veulent un placement de ce genre, ce n’est pas la caisse d’é pargne qui convient, c’est l’achat direct de rentes. L’un des grands avantages de l’abaissement du taux de l’intérêt décidé par les caisses d’épargne — à la suite de l’initiative prise par la Caisse des dépôts et consignations — c’est d’inciter toute une catégorie de déposants à acheter des rentes plutôt que de laisser leurs livrets grossir outre mesure. A cet égard, on notera avec satisfaction que, pen dant la dernière décade de janvier, la Caisse des dépôts et consignations a acheté des rentes pour un capital de 1 million 1/2 environ, non point pour son propre compte, mais pour le compte des déposants des caisses d’épargne ordinaires. 11 serait vivement à désirer que ce mouvement s’accentuât. Tant que les rentes achetées par la Caisse des dépôts et consignations le sont pour elle, cette caisse reste débitrice d’argent envers les diver ses caisses d’épargne. Au contraire, quand des achats ont lieu pour les déposants eux-mêmes, ceuxci deviennent propriétaires des titres, et il n’y a...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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