Extrait du journal

Enfin la guerre de l’Afrique du Sud, malgré les meetings et les souscriptions, malgré l’enrô lement des volontaires à cheval de Lumsden, ne peut que contribuer doublement au malaise général aux Indes, d’abord en mettant en tête aux indigènes des idées nouvelles, puis en dépit de la prudence extrême du commandement qui n’a distrait de ses 75,000 hommes de troupes européennes que quelques unités presque im perceptibles en menaçant de porter atteinte au maintien d’un effectif a peine suffisant en temps normal. Ce n’est point un tableau flatté qui vient d’être tracé. La vérité est telle et la vérité est connue à Saint-Pétersbourg pour le moins aussi bien qu’à Paris. Nous n’en persistons pas moins à croire que les projets de la Russie ne visent nullement, pour l’instant, l’état de possession britannique aux Indes. On parle beaucoup de l’expérience tentée avec succès par le comman dant en chef de l’armée du Caucase en trans portant avec rapidité et sûreté des troupes à proximité d’Hérat. Il se peut fort bien que l’on étudie et que l’on expérimente les moyens de raccourcir le transport jusqu’ici si long par la voie de l’Asie centrale, des forces destinées à opérer dans ces lointains parages. Tout n’en indique pas moins la concentration des efforts de la Russie du côté de la Perse et d’elle seule. La conclusion de l’emprunt persan auprès d’une banque russe est un fait de la plus haute importance. C’estun commencement de mainmise hypothécaire sur l’empire des chahs. La Russie sait agir comme ces prêteurs d’argent qui finissent par exproprier le paysan . qui s’est laissé prendre dans leurs filets. Elle joue depuis longtemps à Téhéran- un jeu serré. Elle a obtenu des avantages considérables en fait de concessions de routes et de travaux publics. Nul ne pense qu’elle vienne gratuite ment au secours des finances obérées du chah. D’après des renseignements dignes de foi, elle se ferait payer sous la forme de concessions de chemins de fer iet de routes dans la Perse septentrionale et centrale et aussi par l’acquisi tion d’une servitude de passage -r- ou d’une route militaire — au profit de ses troupes à tra vers le Seïstan. Tel est le premier effet -de la rupture de l’é quilibre des forces : l’Angleterre, occupée ail leurs, ne saurait opposer son veto. Le président Krüger fait des merveilles jusqu’à Téhéran....